La crise financière et le monde d’après. Conversation avec Ulrich Beck, université de Munich.

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Conversation avec Ulrich Beck, écrivain, sociologue, professeur de sociologie à l’université de Munich. Dans La Société du risque, Ulrich Beck constate un changement dans la configuration de la société, en raison du développement industriel et technologique, où la question centrale est désormais la répartition du risque pour tous les individus. Auteur de nombreux essais, traduit dans différentes langues européennes, dont «La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité», Paris, éditions Aubier, 2001;«Qu’est-ce que le cosmopolitisme ?», Paris, Éditions Aubier, 2006; «Pouvoir et contre-pouvoir à l’ére de la mondialisation», 2003. «La vérité des autres. Une vision cosmopolitique de l’altérité» aux éditions de l’aube, en 2004 et avec Edgar Grande, «Pour un empire européen», Paris, éditions Flammarion, 2007. Ulrich Beck a exprimé encore dans ses livres, ses positions en faveur d’un État supranational et d’un Parlement mondial. Le dialogue a eu lieu à l’université de Milan, au mois de février 2009.

Antonio Torrenzano. J’aimerais discuter avec vous de la crise du welfare state et du problème du chômage. Dans cette situation d’incertitude, les individus ont peur et ils vivent leur propre rapport avec l’avenir de manière négative.

Ulrich Beck. Le chômage est un problème énorme dans le monde entier. En Europe, aujourd’hui, un troisième de la population, il vit plus dans une condition de travail flexible et dans un état d’insécurité. Les individus doivent prendre conscience de ces incertitudes et les États devront repenser l’entier monde du travail. Malheureusement, il ne peut plus être mis au pair d’autres droits fondamentaux des citoyens comme le droit à l’assistance médicale ou à la retraite.Un effet reel, c’est que la démocratie puisse devenir plus faible. À moins que les citoyens ne viennent pas bien éduqués aux nouveaux défis et aux principaux risques auxquels quotidiennement ils sont sujets. Les citoyens sont en train de perdre, peut-être, la possibilité de participer et de faire entendre la propre voix à l’intérieur de l’arène politique.

Antonio Torrenzano.Pourquoi vos recherches et analyses, ils vous ont conduit sur le phénomène mondial du risque?

Ulrich Beck. Ma théorie repose sur une simple réflexion. La production des richesses est désormais intimement liée à une production de risques, comme l’exemple de la crise financière et la récession économique nous illustre. Cela pose un problème de justice sociale: si une partie seulement de la société profite de certaines richesses, ce pillage frappe toutes les classes sociales en traversant les frontières de l’entière planète. En 1986, quand j’ai commencé mes recherches, la mondialisation du risque n’était pas encore évidente. J’ai alors voulu reformuler ma théorie en identifiant plusieurs catégories de risques, en me concentrant surtout les risques transnationaux. Mes analyses consistent à anticiper les conséquences de catastrophes volontaires qui rendent une action politique nécessaire. Mais, j’exerce seulement mon travail de chercheur. Je ne suis pas un magicien, mais le système international présent est en crise et la communauté mondiale doit être prête à réagir à la situation contemporaine. Pour ce motif, je ne crois pas que nous aurons un avenir rose.

Antonio Torrenzano. Ce carnet numérique, au mois de mars 2009, a posé nombreuses questions à Zygmunt Bauman sur la mondialisation et sur la communauté internationale qui n’a pas un commun projet d’avenir. Mais, la situation contemporaine est-elle ainsi pire?

Ulrich Beck. Zygmunt Bauman n’est pas seulement un ami, c’est aussi l’un de grands sociologues de notre modernité. Prenez-vous, par exemple, le Réseau Net. Pour utiliser une métaphore: internet a remplacé le rôle qu’un temps ils avaient les rues. Je m’explique mieux, il y a vingt ans les gens manifestaient sur les rues. Aujourd’hui, elles manifestent par le Réseau Net dans le domaine transnational. Je crois que les risques contemporains sont imprévisibles et, en même temps, ambivalents. D’un côté, ils génèrent des catastrophes ; de l’autre, ils créent de nouvelles ouvertures sur le monde. Les nouveaux médias qui travaillent sur internet, en me refaisant à l’exemple précédent, ils sont devenus une plateforme fondamentale pour les différents intérêts articulaires et la vie démocratique. Nombreux maitres à penser affirmaient que plus rien ne pourrait naître. Mais à ces prévisions, je ne crois pas.

Antonio Torrenzano

 

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