Crise économique. Que peut-on attendre du futur ?

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Chaque crise financière a, d’une façon ou d’une autre, toujours transformé l’économie et la société dans laquelle celle-ci s’était produite. Historiquement ces changements, ils ont souvent été codifiés par une nouvelle réglementation ou par de nouvelles législations nationales ou internationales ad hoc. Jusqu’à aujourd’hui, ce bouleversement nous indique que la communauté internationale se trouve confrontée à une crise du système capitaliste, une crise de la mondialisation libérale, une crise de l’Europe qui ne sait pas encore lequel ce sera son nouveau rôle dans la prochaine société mondiale.

Cette cristalline réalité, après la réunion du G20 à Washington, le sommet G20 de Londres et les Assemblées de printemps des deux institutions mondiales de l’économie FMI et Banque mondiale, a-t-elle été complètement comprise ? La communauté internationale trouvera-t-elle les solutions à ce triple problème ? La communauté internationale voudra-t-elle vraiment s’engager dans le but de les trouver ?

Après plusieurs années de domination de l’économie sur la politique et après plusieurs années de mépris des règles des marchés financiers, le rêve idéologique d’une perfection du marché qui pouvait se réglementaire il est terminé. La main invisible et les vertus du marché autorégulé (le marché qui doit s’occuper du marché), n’ont pas montré leur efficacité ni leurs mérites. Au contraire, toutes les institutions financières privées se sont précipitées vers les pouvoirs publics pour communiquer le désir de leur recapitalisation ou leur nationalisation de fait. Donc, sera-t-il suffisant de moraliser le système ? Combien de temps la société civile devra-t-elle attendre un «global legal standard» ?

On ne doit pas perdre de vue, encore, que cette crise est aussi une crise de la mondialisation libérale. Mondialisation libérale qui a appauvri l’idée de démocratie, car elle soutenait l’absence de règles, de transparence, l’absence de vérifications, l’absence de légalité. Absence de légalité que la catastrophe financière a mise en évidence à travers l’asymétrie entre la croissance d’un capitalisme illégal et l’absence d’institutions internationales apte à le contrarier ou à en balancer l’influence et son vorace pouvoir. Avant cette dernière crise, ce capitalisme illégal avait déjà été à l’origine des crises mexicaines en 1995, de la crise asiatique en 1997, de la crise russe en 1998, de la crise argentine en 2001.

Comme Ralph Dahrendorf et Amartya Sen ont affirmé dans les pages de ce carnet numérique, aujourd’hui nous nous trouvons devant à un concept vide de démocratie et un principe vide d’égalité d’opportunités. Si, comme le disait Hannah Arendt, la politique repose sur la pluralité humaine et sur l’agir ensemble. La démocratie contemporaine n’est plus donc l’expression privilégiée. La mondialisation jusqu’à présent n’a pas offert une chance unique de donner à la démocratie une nouvelle dimension: celle de la défense de l’identité, de la diversité et du pluralisme. Cette mondialisation encore n’a pas eu une dimension véritablement universelle : celle d’une communauté mondiale qui aurait eu en commun la diversité et la liberté en partage. La tâche n’est pas simple! Mais, vouloir démocratiser la mondialisation, c’est faire le pari qu’une réappropriation du processus est possible. C’est également faire le pari qu’un consensus mondial peut être atteint sur un certain nombre des questions qu’elle nous pose au regard de nos choix collectifs. Pourquoi la communauté internationale, alors, n’a-t-elle pas exercé dans ces derniers quinze ans un effort de prospective ? L’avenir n’émerge pas du néant et les avenirs possibles dont nous parlons s’enracinent dans le présent.

Dans cet effort de prospective, les États nationaux ne réussiront plus à remplir ce vide. Les États nationaux n’ont pas épuisé leur fonction, mais le vrai défi sera la construction d’une nouvelle dimension politique transnationale. L’idée kantienne d’un nouvel ordre juridique international est aujourd’hui plus que jamais actuelle aux États-Unis, mais il ne me semble pas pour l’Europe. Europe unie née de l’idée kantienne!

L’Union européenne apparaît aujourd’hui très faible, prisonnière de leaderships politiques myopes, fragmentée par de nombreuses politiques économiques choisies des 27 États membres. La crise, en revanche, pouvait être l’occasion pour de nouvelles politiques communes sur la cohésion sociale, le secteur financier, la politique fiscale. La crise encore pouvait être l’occasion d’une réinvention de la politique qui prend acte de la limite de la centralité nationale en acceptant la perte du contrôle illusoire sur la société. Les États membres de l’UE, au contraire, ont choisi de dissimuler la réalité et maintenir l’illusion de la capacité de gestion. Sans prospective, les conséquences politiques et sociales se feront très vite sentir.

Antonio Torrenzano

 

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