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Le représentant des Nations Unies pour la Libye, Ghassan Salamé, a annoncé que la Conférence nationale libyenne sera reportée en raison du conflit qui est en train de se produire aux alentours de Tripoli parmi les milices du maréchal Khalifa Aftar et les forces de Fayez el-Sarraj. Les combats dans la Capitale libyenne auraient provoqué 56 morts et 266 blessés au cours des six derniers jours, a indiqué l’ONU qui continue de mobiliser ses équipes médicales pour venir en aide aux populations.

«Nous ne pouvons pas demander aux gens de participer à la conférence sur fond de coups de feu et de frappes aériennes», a déclaré Ghassam Salamé dans un communiqué dans lequel il a condamné l’attaque par l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar contre l’aéroport civil de Tripoli. Le Représentant spécial a précisé que l’ONU avait décidé de ne pas se précipiter et d’agir avec «prudence et responsabilité» face aux affrontements, «afin de ne pas gaspiller les opportunités historiques disponibles».

Ghassan Salamé a néanmoins souligné que la réunion, prévue pour la semaine prochaine, aura lieu «dans les meilleurs délais». De sa part, le secrétaire de l’ONU Antonio Guterres a précisé que les Nations Unies feront tout pour soutenir des efforts diplomatiques pour trouver une solution politique aux affrontements en cours. Depuis le 20 juin 2017, Ghassam Salamé est à la tête de la Mission des Nations Unies en Libye cherchant de débloquer une situation qui est pratiquement au point mort. En acceptant le poste, Ghassam Salamé avait conscience qu’il s’agissait d’une mission quasi impossible.

Aujourd’hui, le but de réunifier les institutions et redonner à la Libye un État solide est-il autant admissible ? Le plan d’action, appelé également «feuille de route», proposé par le représentant des Nations Unies pour la Libye est-il encore concevable ? Toute sortie de crise implique de satisfaire les besoins immédiats des Libyens : restaurer la sécurité des individus et des biens, démilitariser les milices, réduire les flux migratoires, reconstruire les institutions étatiques, relancer l’activité économique, retrouver un certain bien-être social et réduire la conflictualité des familles claniques libyennes en ce qui concerne leur ambition de gérer singulièrement le pouvoir.

À présent, le seul pacte qui demeure pour l’ONU par lequel démarrer un possible règlement de la crise serait l’Accord de Skhirat de 2015. Mais l’Accord de Skhirat a-t-il été un accord satisfaisant ? Les institutions qui en sont issues, ont-elles bien rempli leurs rôles ? Dans tous les cas, ni l’Accord politique de 2015 ni le plan d’action de 2017 de Ghassam Salamé ne permettront une sortie de crise. Même l’agenda du sommet de Paris du 29 mai 2018 est irréalisable parce que tous les acteurs libyens (Khalifa Haftar, Fayez el-Sarraj, Aguila Salah et Khaled al-Meshri) ont refusé de signer la déclaration finale avec le prétexte qu’il fallait se référer aux Assemblées avant de signer le pacte.

Pour le secrétaire des Nations Unies, la situation en Libye est «très dangereuse». Le même a également rappelé que seulement des solutions politiques pourront mettre fin aux affrontements en Libye. Il n’est ni irréaliste ni utopique de penser à un scénario alternatif de sortie de crise. Un canevas alternatif serait-il alors envisageable ? Une hypothèse alternative pourrait-elle être une nouvelle période de transition gérée par un exécutif provisoire constitué d’un triumvirat de trois représentants des trois régions historiques que sont la Cyrénaïque, la Tripolitaine et du Fezzan ?

Antonio Torrenzano

 

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L’attaque lancée par le maréchal Khalifa Haftar contre les autorités de Tripoli, gouvernement reconnu par la communauté internationale, n’est pas surprenante tant est l’obsession du maréchal de s’imposer comme le chef incontestable de la Libye. Galvanisé par ses anciens succès militaires, Khalifa Haftar, 74 ans, ne cache plus ses ambitions : être le nouveau Kadhafi.

Le maréchal a lancé son blitz sur Tripoli (opération militaire baptisée Libérer Tripoli) profitant de la situation d’instabilité politique qui prévaut depuis plus d’un mois en Algérie. Le militaire de l’Est libyen a donné l’ordre à ses milices de marcher sur la capitale avec le but de déclencher un nouveau conflit et le dominer. Depuis 2015, deux autorités se disputent le pouvoir en Libye : le gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 en vertu d’un accord international parrainé par l’ONU et basé à Tripoli; une autorité rivale installée dans l’est du pays et contrôlée par l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar.

«L’heure a sonné», a déclaré jeudi 6 avril 2019, le maréchal Khalifa Haftar dans un message sonore publié sur la page Facebook de l’ANL, en dictant à ses troupes de brûler le pavé sur Tripoli où elles ne devaient épargner que les civils, les institutions de l’État et les ressortissants étrangers. La même soirée, l’officier Ahmad al Mesmari, le porte-parole du maréchal Khalifa Haftar, confirmait la nouvelle que les forces de l’ANL étaient aux portes de la capitale.

De sa part, le président du Conseil du gouvernement reconnu Fayez al Serraj ordonnait aux troupes loyales au GNA de se «tenir prêtes à faire face à toute menace». Des affrontements ont opposé ce vendredi une coalition de groupes armés loyaux au gouvernement d’union nationale aux forces de l’armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar à une cinquantaine de kilomètres de la capitale Tripoli. Selon une source de sécurité du GNA, les combats se déroulent dans les régions de Soug al-Khamis, al-Saeh et Soug al-Sabt, à moins de 50 km au sud de Tripoli, un territoire fondamentalement de fermes agricoles. Le bureau média de l’ANL a confirmé des combats près de Tripoli. « Les forces armées et les soldats de toutes les régions de Libye sont actuellement engagés dans des affrontements violents à la périphérie de Tripoli contre les milices armées », a-t-il indiqué sur la page Facebook.

En tout cas, il s’agit des premiers combats qui nous donnent des informations claires sur les deux forces militaires depuis l’installation du GNA à Tripoli fin mars 2016. À l’échelle militaire, on ne sait pas si l’offensive a l’ambitionne à encercler la ville de Tripoli ou à entrer vraiment dans la capitale. Du côté du gouvernement internationalement reconnu, Fathi Bach Agha, ministre de l’Intérieur, a multiplié ses déclarations depuis ce jeudi. Il est en train d’accuser, sans le nommer, un pays arabe pour avoir donné le feu vert à cette offensive de Khalifa Haftar. Il y a moins d’une semaine, Khalifa Haftar avait été en Arabie saoudite. Il avait rencontré le roi Salman et le prince héritier. Même le président du conseil gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj contre la France.

Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont réagi dans un communiqué commun, demandant à «toutes les parties» libyennes de faire baisser «immédiatement les tensions». Le Kremlin a pour sa part mis en garde la communauté diplomatique contre la possible «reprise du bain de sang» en Libye. Moscou a appelé tous les acteurs politiques du pays à un règlement «pacifique et politique» du conflit. «Nous estimons indispensable de poursuivre tous les efforts possibles pour une résolution complète de la situation avec des moyens politiques et pacifiques», a déclaré le porte-parole Dimitri Peskov qui insiste sur le fait que Moscou ne participe «d’aucune manière» au soutien militaire des troupes du maréchal Khalifa Haftar, même s’il a été reçu à Moscou en 2017 par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Cette escalade des tensions intervient 10 jours avant la tenue de la Conférence nationale libyenne sous l’égide des Nations Unies, du 14 au 16 avril, appelées à dresser une feuille de route pour sortir le pays du chaos.

En visite en Libye, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’est dit jeudi préoccupé par le risque de confrontation. «Je suis profondément préoccupé par les mouvements militaires en Libye et le risque de confrontation. Il n’y a pas de solution militaire. Seul le dialogue intra-libyen peut résoudre les problèmes », a dit Antonio Guterres sur son compte Twitter. « Je quitte la Libye avec une profonde inquiétude et un coeur lourd », a ensuite déclaré le secrétaire des Nations Unies à l’aéroport, « espérant toujours possible d’éviter une confrontation sanglante à Tripoli et ses environs». Réunis vendredi en France, les ministres des Affaires étrangères des sept pays les plus industrialisés (G7) ont exhorté «tous les acteurs à stopper immédiatement tous les mouvements militaires vers Tripoli, qui entrave les perspectives du processus politique mené par l’ONU».

Le maréchal Khalifa Haftar jusqu’où ira-t-il ? Si certains voient en lui un nouveau Muammar Kadhafi, il n’en a pas moins le soutien de l’entière communauté internationale, même si lui bénéficie de solides soutiens à l’étranger. L’homme fort de la Cyrénaïque s’imposera-t-il sur la chaotique scène politique libyenne ? Né en 1943, dans la ville d’Ajdabiya, dans l’est, le jeune Khalifa entre à l’Académie militaire royale à 20 ans. Il y fait la connaissance de Muammar Kadhafi. Ensemble, ils trament le coup d’État qui, dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1969, met à la porte le roi Idris Ier et installe Kadhafi à la tête du pays.

En 1978, Kadhafi envoie Khalifa Haftar suivre une formation militaire à Moscou. Huit ans plus tard, l’ancien chef libyen lui confie la délicate conquête de la bande d’Aozou, aride langue de terre à l’extrême nord du Tchad. L’opération militaire est un échec. L’armée du président tchadien Hissène Habré,soutenue par les forces françaises, anéantit le corps militaire libyen. Le maréchal Haftar est capturé avec plusieurs centaines d’hommes. Humilié, Kadhafi l’abandonne à son sort. Son ancien compagnon d’armes restera au Tchad soutenu par la CIA américaine jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby, nouveau président tchadien soutenu par Mouammar Kadhafi.

Avec Idriss Déby, Khalifa Haftar est déclaré persona non grata. Les services secrets USA le rapatrient vers les États-Unis et l’installent dans une petite ville de la Virginie occidentale. Là-bas, Khalifa Haftar demeurera vingt ans. Haftar, l’homme des Américains ou l’homme de tous les services secrets ? Cette réputation lui colle à la peau lorsqu’il rentre en Libye en 2011 et soutient l’insurrection anti-Kadhafi. Il prend la direction des combats contre les troupes du Raïs, mais il se retrouve englué dans des luttes de pouvoir. L’Histoire aurait pu s’arrêter là, mais Khalifa Haftar est très habile et il connait très bien les alchimies précaires du chaos libyen.

Antonio Torrenzano

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Depuis huit ans, la Syrie bascule encore dans un conflit sanglant et une tragédie humaine aux dimensions colossales. Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime de Bachar el-Assad, le conflit syrien s’est accentué au fil des années avec l’implication de pays étrangers et de groupes djihadistes. Le conflit syrien a également provoqué «la plus grande crise humanitaire que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale», selon l’expression-choc des Nations Unies.

En huit ans, le conflit a fait plus de 380.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Le conflit a également fait 6,1 millions de déplacés à l’intérieur de Syrie et 5,6 millions de réfugiés dans les pays voisins surtout au Liban, en Jordanie, en Irak et en Turquie selon les données statistiques du HCR. Mais, il faudra de même recenser les centaines de milliers de Syriens qui ont afflué en Europe fuyant la guerre. À ce terrible bilan humain, il y a pareillement la désastreuse situation économique du pays. Dans un ancien rapport financier de 2017 sur la Syrie, la Banque Mondiale estimait que le coût des pertes dues à la guerre était 226 milliards de dollars (183 milliards d’euros), c’est-à-dire l’équivalent de quatre fois du produit intérieur brut (PIB) d’avant le conflit. Selon le même organisme économique international, le conflit aurait fait revenir trois décennies en arrière l’économie syrienne. Sur le terrain, la situation humanitaire demeure ordinairement complexe.

Pour la plupart des familles syriennes, le cauchemar des bombardements et des coups de feu incessants est terminé. Le gouvernement a repris le contrôle d’une bonne partie du pays, sauf pour ce qui est d’un dernier bastion de l’opposition autour d’Idlib. Ceux qui ont d’une manière ou d’une autre survécu aux obus et aux snipers doivent à présent survivre dans une paix incertaine. La ville d’Alep est par exemple un tas de ruines et il faudra au moins une génération pour la reconstruire. La ville qui détenait en son sein l’un des plus fabuleux bazars de la Route de la soie est maintenant exempte de couleurs. Une route réduite kilomètre après kilomètre en miettes de ciment gris.

Le chef de l’humanitaire des Nations Unies, Mark Lowcock, a prévenu le Conseil de sécurité de l’ONU que des millions de Syriens vivant sous des tentes ou dans des bâtiments dévastés par la guerre ils ont besoin d’assistance. Avec les munitions non explosées qui jonchent encore le sol, seules les rues principales sont sûres, en particulier dans les zones à l’est, qui ont le plus payé le tribut des bombardements. L’ONU considère que la situation est trop risquée pour un retour chez eux des réfugiés. Dans toute la Syrie, trois écoles sur dix et la moitié des centres de soins sont fermés. Huit ans après le début du conflit syrien, le secrétaire général Antonio Guterres a lancé un appel urgent à tous les acteurs du conflit.

Tout d’abord, respecter leurs engagements et l’accord de cessez-le-feu conclu sur Idlib. «Les opérations de lutte contre le terrorisme ne peuvent pas outrepasser la responsabilité de protéger les civils. Un cessez-le-feu à Idlib est une étape nécessaire pour ouvrir la voie à un cessez-le-feu à l’échelle nationale», a-t-il dit. Le secrétaire général a ensuite souligné que quelconque opération militaire envisagée, planifiée ou exécutée par un acteur doit pleinement respecter le droit international humanitaire et faire en sorte que les droits de l’homme soient protégés. «Des civils innocents, en majorité des femmes et des enfants, ont payé le prix fort dans ce conflit en raison du mépris flagrant du droit international humanitaire et des droits de l’homme», a-t-il déploré.

Le chef de l’ONU a également appelé à tous les acteurs de la guerre à garantir un accès humanitaire durable en Syrie alors que 11,7 millions de personnes ont besoin de protection et d’assistance. Le secrétaire des Nations Unies a enfin réitéré son soutien entier au nouvel envoyé spécial, Geir Pedersen, pour faciliter un processus de paix et politique dirigé et contrôlé par les Syriens afin de mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et le communiqué de Genève de juin 2012.

Pour le chef de l’ONU, la communauté internationale a «l’obligation morale et l’impératif politique» d’encourager les Syriens à s’unir autour d’une vision commune pour leur avenir. Un avenir «qui protège les civils, allège les souffrances, prévient la poursuite de l’instabilité, s’attaque aux causes profondes du conflit et crée enfin une solution négociée crédible», a-t-il dit. En Syrie, toutefois, après huit ans de guerre, la situation reste une catastrophe très compliquée.

Antonio Torrenzano

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Geir Pedersen, nouvel envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, a pris ses fonctions lundi 7 janvier 2019. Le diplomate norvégien âgé de soixante-trois ans avait été précédemment l’ambassadeur de Norvège en République populaire de Chine. Le nouvel envoyé s’est dit honoré d’assumer des fonctions au service du peuple syrien et de ses aspirations à la paix.

Geir Pedersen a été Représentant de la Norvège auprès de l’Autorité palestinienne (1998 à 2003),représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Liban du Sud (2005-2007), Coordonnateur spécial pour le Liban (2007-2008) et représentant permanent de son pays auprès des Nations unies à New York de 2012 à 2017. La feuille de route de Geir Pedersen aura comme but, comme le même indique, d’oeuvrer en faveur d’une solution pacifique et de la mise en oeuvre de la résolution RCS2254 : plan de paix des Nations Unies pour la Syrie1. Le diplomate norvégien succède à Staffan de Mistura et il est le quatrième médiateur des Nations Unies depuis le début du conflit syrien en 2011. Le nouvel émissaire de l’ONU est arrivé, ce mardi, à Damas, pour sa première visite dans le pays depuis sa nomination à ce poste. Le voyage du médiateur onusien intervient alors que sur le terrain, l’UNICEF a annoncé qu’au moins 15 enfants ont perdu la vie en Syrie en raison du froid hivernal et du manque de traitements médicaux.

Mais, «outre les femmes et les enfants, de nombreuses personnes âgées sont à risque», a déclaré Andrej Mahecic, porte-parole du HCR, lors d’un point de presse à Genève. Selon le HCR, les récents combats dans l’est de la Syrie ont également produit des déplacements à grande échelle entre la population civile. Au cours des six derniers mois, des affrontements et des frappes aériennes dans le sud-est du gouvernorat de Deir-ez-Zor ont forcé environ 25.000 personnes à fuir. «Nous sommes inquiets du sort des civils qui continuent d’être bloqués dans les zones contrôlées par l’État islamique», a ajouté Andrej Mahecic. Les familles déplacées qui se rendent au camp d’Al Hol, dans le nord-est de la Syrie, ont indiqué au personnel du Haut Commisariat pour les Réfugiés que les civils qui tentent de fuir font face à de nombreuses difficultés et de dangereux obstacles pour quitter la zone de conflit.

Dans ces conditions, le Haut Commisariat est en train d’appeler toutes les acteurs du conflit, ainsi que toutes les personnes qui ont une influence sur les belligérants, à garantir la liberté de circulation et la sécurité du passage. La majorité des personnes récemment déplacées ont cherché refuge au camp d’Al Hol. Plus de 8.500 personnes se sont installées au camp d’Al Hol au cours des cinq dernières semaines. Par ailleurs, dans le gouvernorat de Hassakeh, le camp de fortune d’Al-Areesha, qui abritait environ 10.000 déplacés, a été touché par la crue des eaux d’un réservoir tout proche. Plus des deux tiers du camp sont sous l’eau. Les résidents s’installent dans les zones les plus élevées du camp.Au Liban voisin, la tempête Norma a affecté cette semaine les communautés libanaises et réfugiées.

Près de huit ans après le début de la guerre civile, la population syrienne reste partagée entre espoir et inquiétudes : les combats perdent en intensité dans certaines régions du pays, mais la guerre est loin d’être terminée.

Antonio Torrenzano

 

 

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L’émissaire des Nations Unies pour la Syrie Staffan de Mistura quittera son poste à la fin novembre. Après quatre ans et quatre mois de tentatives infructueux pour mettre fin au conflit, Staffan de Mistura a choisi pour des «raisons purement personnelles» de quitter son poste. Une solution politique à l’inextricable conflit syrien reste dans ces conditions très faible.

Stafan de Mistura avait succédé en 2014 à Lakhdar Brahimi. Le diplomate italo-suédois âgé de 71 ans a été le troisième diplomate à avoir occupé ce poste pendant le conflit en Syrie qui dure depuis plus de sept ans. Ses prédécesseurs ont été l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et le diplomate Algérien Lakhdar Brahimi. Le représentant de l’ONU sera reçu une dernière fois à Damas la semaine prochaine; la rencontre devrait avoir pour objet le début des travaux du Comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution syrienne. Ce Comité, dont la création avait été décidée en janvier 2018 lors d’une réunion à Sotchi, devrait travailler sur une réforme juridique des lois fondamentales qui détermineraient l’organisation et les fonctions du nouveau gouvernement syrien.

Les Nations Unies considèrent que dans ce processus subsiste un élément clé pour trouver une solution politique au conflit. À ce jour, et après trois révisions, une liste de 50 noms de personnalités a été publiée pour faire partie de ce comité constitutionnel «impartial, équilibré et inclusif », a souligné Staffan de Mistura dans un exposé devant membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Les Nations Unies ont en outre veillé à ce que tous les religions, groupes claniques et ethnies soient représentés. Au titre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, l’ONU a également insisté pour que la liste compte un minimum de 30% de femmes.

Staffan de Mistura restitue son mandat d’émissaire pour le dossier syrien au moment où la destinée de la province d’Idlib, le dernier bastion aux mains des insurgés et des djihadistes, est suspendue à un fragile accord de cessez-le-feu dicté par Moscou avec le concours de la Turquie. Dans cette dernière étape, l’ONU n’aura été que spectatrice de cet arrangement politique, dont l’avenir dira s’il offre des solutions réelles.

Antonio Torrenzano

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Sept ans de guerre, plus de 365 000 morts, des millions de déplacés, de réfugiés dans d’autres Pays, mais pas encore le signe d’une paix durable à l’horizon en Syrie. Sur le terrain, le conflit est presque gagné par le gouvernement de Damas et ses alliés, mais les solutions politiques de stabilisation du pays et même de la région restent encore une abstraction, une simple image.

Avant 2011, la province d’Idlib – 100 kilomètres sur 60, adossés à la frontière turque – comptait moins de 900 000 habitants. Aujourd’hui, ils sont près de 3 millions d’individus, regroupés de gré ou de force au fil des défaites, à demeurer dans la région. Dans cette terrible affaire, la reconquête d’Idlib, qui oppose forces syriennes et Russes, avec des milices iraniennes, aux djihadistes du Hayat Tahrir al-Cham, fait revivre toutes les réminiscences causées par les batailles d’Alep, de la Ghouta, de Raqqa, de Deraa.

Dans ces derniers jours, le spectacle de la peur des civils cernés dans l’enclave rebelle de la région d’Idlib était devenu une nouvelle fois d’illustration supplémentaire de l’échec de la diplomatie internationale dans ce conflit. « Un échec flagrant de la diplomatie et des organisations internationales, mais aussi des organisations régionales, comme la Ligue arabe. En Syrie – selon le professeur Ziad Majed – tout ce qui a été construit depuis la Seconde Guerre mondiale en matière de droits, de conventions, et de mécanismes de condamnation et de jugement sera désormais plus que jamais remis en question».

Une incapacité de la politique internationale qui peut être également analysée de manière chronologique par l’incapacité des Nations Unies à peser sur le cours des événements syrien. En août 2012, Kofi Annan est le premier à jeter l’éponge, six mois après sa désignation comme représentant spécial de l’ONU pour la Syrie. «La militarisation croissante sur le terrain et le manque d’unanimité au Conseil de sécurité – déclara l’ancien secrétaire – m’empêchent de travailler pour la paix et ils changent mon rôle». Le successeur, Lakhdar Brahimi, fin diplomate onusien, ancien constructeur de l’accord de Taëf qui mit fin à la guerre civile libanaise en 1989, fera le même. Après avoir organisé début 2014 les premières négociations directes entre gouvernement syrien et opposition politique à Genève, quelques mois plus tard Lakhdar Brahimi jettera l’éponge pour l’impossibilité de dialogue et la volonté à négocier parmi les deux acteurs.

En 2017, le troisième émissaire onusien Staffan de Mistura parviendra pour la première fois à faire accepter aux différentes parties une feuille de route, mais les pourparlers de Genève s’arrêtent sur la destinée du président Syrien Assad. Certes, la militarisation du conflit a empêché à la diplomatie internationale en Syrie de trouver de manière rapide de voies pour la paix. Milliers de combattants, de milliers de tonnes d’armes ont afflué de toutes parts sur le théâtre syrien devenu un conflit mondial. Aujourd’hui, dans ce contexte ultra morcelé, la Russie tente à son tour de traduire sa victoire militaire en succès diplomatique. Vladimir Poutin réussira-t-il dans son entreprise ?

Antonio Torrenzano

 

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À Idlib, au nord-est de la Syrie, les 2,5 millions de civils se préparent à une bataille imminente. L’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a averti la communauté internationale de conséquence gravissime pour la population civile de l’opération militaire que le gouvernement de Damas s’apprêterait à lancer pour reprendre la province dans le nord-ouest du pays.

À présent à Idlib, dernière région syrienne échappant au pouvoir du régime de Damas et dernier grand bastion terroriste du pays, se trouverait une multitude de corps rebelles : le groupe Hayat Tahrir al-Cham, une branche d’Al-Qaïda, dont le chef, Abou Mohamed al-Joulani, dispose de 25 000 hommes; d’autres milliers d’islamistes regroupés au sein du Front al-Nustra et plus de 10.000 “combattants étrangers” selon les Nations Unies. Par rapport à ce nombre de rebelles, de l’autre côté, l’armée syrienne et ses 80 000 hommes. Armée du régime de Damas épaulés par son allié russe qui met à disposition des dizaines d’avions. Pour Moscou, la province d’Idlib serait un foyer du terrorisme, une enclave de rebelles modérés et d’islamistes radicaux dont le gouvernement syrien a le droit de les chasser de son territoire a réaffirmé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Selon les Nations Unies, cette imminente bataille pourrait provoquer un très haut nombre de morts et plus de 800 000 personnes déplacées. Lors d’une conférence de presse à Genève, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie a proposé d’aller à Idlib pour garantir la mise en place des couloirs humanitaires afin d’évacuer la population civile avant l’offensive imminente de l’armée syrienne. Un geste que l’envoyé spécial de l’ONU avait déjà proposé pour la ville d’Alep en 2016.

« Je suis prêt à m’engager, personnellement et physiquement […], à assurer un couloir humanitaire […] pour donner la possibilité d’évacuer la population civile vers une zone plus sûre», a dit Staffan de Mistura . « Il n’y a pas d’autre Idlib. Où peuvent-ils aller ? Chaque fois qu’il y a eu une crise […], il y avait un endroit où beaucoup pouvaient choisir de partir. Mais il n’y a pas d’autre Idlib », a notifié Staffan de Mistura. L’assistance à la population civile vivant d’Idlib est importante, car il s’agit fondamentalement des habitants syriens déplacés ou évacués d’autres zones de conflit alors que les forces gouvernementales étaient en train de poursuivre la reprise de plusieurs territoires du pays.

Dans la région d’Idlib, dans les derniers six mois, plus de 500 000 personnes seraient arrivées après avoir fui les offensives du gouvernement à Deraa, dans la Ghouta orientale et dans d’autres zones tenues par les rebelles. La proposition de Staffan de Mistura a fait en outre écho à l’appel lancé mercredi par le secrétaire général de l’ONU, qui avait proféré sa profonde préoccupation par les risques d’une nouvelle catastrophe humanitaire dans le cas d’une opération militaire à Idlib qui compte près de trois millions d’habitants et se trouve à la frontière avec la Turquie.

Antonio Torrenzano

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Le chef du groupe de l’État islamique Abou Bakr al-Baghdadi a appelé ses partisans à poursuivre le djihad dans un nouveau message diffusé mercredi 22 août sur Telegram. Dans son nouvel appel, le calife apostrophe ses adeptes à frapper les ennemis en Occident en menant de nouvelles attaques à l’explosif ou à l’arme blanche. Le dernier message sonore attribué à Abou Bakr al-Baghdadi remontait au 28 septembre 2017 dans lequel l’émir appelait ses combattants à résister en face à l’ennemi après les défaites militaires en Irak et en Syrie. Abou Bakr al-Baghdadi, donné pour décédé à plusieurs reprises, serait donc encore vivant.

La communauté internationale l’a découvert le 29 juin 2014, lorsqu’il a proclamé le califat de l’État islamique en Syrie et en Irak, lors d’une de ses rares apparitions publiques à la mosquée de Mossoul. À l’inverse de l’ancien numéro un d’al-Qaïda Oussama Ben Laden, le maître de Daech a toujours entretenu un lourd mystère autour de sa personne1. Son apparition et ses énonciations d’une demi-heure à la mosquée de Mossoul avaient déjà fait l’objet de dispositifs draconiens, comme l’a raconté un témoin à l’hebdomadaire Newsweek : « à la minute où al-Baghdadi est arrivé, le réseau mobile a été coupé. Des gardes armés ont bouclé la zone. Ils ont fermement demandé aux participants de ne saisir aucune photo ni vidéo et de ne pas quitter la mosquée une demi-heure après le départ du calife ».

Que sait-on du calife de Daech ?

La carrière de jihadiste d’Abou Bakr al-Baghdadi semblerait très rapide. En 2004, il est arrêté par l’armée américaine pour s’être rendu chez un ami recherché. Le futur émir est alors envoyé vers le Camp Bucca, lieu de détention où l’administration d’occupation américaine retenait les Irakiens suspects. Selon de nombreux témoignages d’anciens détenus, le Camp de Bucca a été une véritable académie du djihadisme. En 2006, Abou Bakr al-Baghdadi est libéré et il prend contact avec des hommes d’Al-Qaïda en Irak. Les mêmes lui suggèrent de partir à Damas. Dans la même année, il rejoint l’État islamique d’Irak qui vient d’être créé par plusieurs groupes jihadistes, dont al-Qaïda. En 2010, il en devient le chef2. Au mois d’octobre 2011, Washington le désigne d’une manière officielle comme “terroriste”, offrant une récompense de 10 millions de dollars pour avoir des indications qui pouvaient conduire à son arrêt. En 2013, l’organisation commence à participer aux combats sur le territoire syrien et change de nom pour devenir l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). En 2014, Abou Bakr al-Baghdadi proclamant l’État islamique en Irak accède à la notoriété de la communauté internationale.

Mais on sait toujours très peu sur l’identité d’al-Baghdadi et sur sa vie privée. Selon des sources syriennes et irakiennes, la vie privée du calife qui dirige la plus sinistre des organisations terroristes de l’époque contemporaine est méconnue non seulement en Occident, mais également parmi les membres de son organisation. On sait par exemple peu de choses sur les femmes d’Abou Bakr al-Baghdadi avec lesquelles il a vécu. En 2016, une de ses femmes qui s’appelait Diane Kruger s’est enfuie. Dans le califat, Diane Kruger était la responsable de la vie quotidienne des femmes. Elle formulait les préceptes de leur comportement selon les normes de la charia et dirigeait leurs habitudes. En outre, elle veillait à ce que les femmes n’apparaissent pas en public sans être accompagnées par un homme et sans porter une tenue suffisamment humble. Le travail de Diane Kruger avait également une composante militaire: elle dirigeait un centre de formation de femmes kamikazes à Kirkouk en Irak.

Al-Baghdadi et Diane Kruger, femme d’origine allemande, se sont mariés en octobre 2015, mais on ignore à présent les causes de la discorde entre les deux individus. L’autre épouse parmi les plus connues d’al-Baghdadi a été Saja al-Dulaimi, surnommée “la calife” pour son influence dans le monde djihadiste. Le mariage, célébré en 2009, n’a duré que trois mois. Saja condamne aujourd’hui le terrorisme, mais elle a été incarcérée un an par les autorités libanaises qui la soupçonnaient d’avoir maintenu des relations avec son ex-mari.

Les neuf vies d’Abou Bakr al-Baghdadi

En juin 2017, Moscou avait communiqué d’avoir probablement tué Abou Bakr al-Baghdadi par un raid de son aviation près de Raqqa, l’ancienne capitale de DAECH en Syrie. Selon la porte-parole du Kremlin, le raid avait eu lieu à la fin du mois de mai 2017. Au mois de février 2018, au contraire, un haut responsable du Ministère de l’Intérieur irakien affirmait que le chef de Daech était encore vivant et soigné dans un hôpital de campagne dans le nord-est de la Syrie parce qu’il était blessé. À ce sujet, le directeur du service de renseignement et du contre-terrorisme irakien Abou Ali al-Basri déclarait au quotidien As Sabah (le 12 février 2018): «Nous avons des informations indubitables et des documents de sources au sein de l’organisation terroriste selon lesquelles Abou Bakr al-Baghdadi est toujours vivant et se cache dans la région de la Jaziré».

Dans la même interview, le directeur Abou Ali al-Basri déclarait en outre que le chef djihadiste souffrait « de diabète et de fractures au corps et aux jambes qui l’empêcheraient de marcher sans assistance. Ces blessures seraient dues à des raids aériens contre les fiefs de l’État islamique en Irak». Pour le service de renseignement américain, Abou Bakr al-Baghdadi pourrait se cacher probablement dans la vallée de l’Euphrate, dans l’est de la Syrie. Enfin, au mois de juillet 2018, les services de renseignement irakiens avaient annoncé que le chef de Daech avait perdu son fils Houdhayfah al-Badri, tué en Syrie par trois missiles téléguidés russes.

L’évolution de Daech : d’une structure proto-étatique à un réseau secret

Mais à présent le pari ne serait plus de localiser Abou Bakr al-Baghdadi. L’évolution de Daech d’une structure proto-étatique à un réseau secret est désormais une réalité. Comment la communauté internationale pense-t-elle agir ? Malgré la défaite en Irak et en Syrie, les finances et la richesse économique de Daech au Moyen-Orient restent encore bien consistantes. Cette richesse est devenue à présent plus difficile à détecter et à analyser maintenant que l’État islamique est devenu une organisation clandestine. Un nouveau dossier des Nations Unies sur Daech, présenté par Vladimir Voronkov devant le Conseil de sécurité, atteste qu’à présent le nombre total des combattants de l’État islamique en Iraq et en Syrie serait estimé à plus de 20 000 terroristes, répartis à peu près également entre les deux pays. Selon le haut responsable onusien, cette petite armée de Daech devrait réussir à survivre en Iraq et en Syrie à moyen terme en raison du conflit en cours en Syrie et par les problèmes complexes de stabilisation en Irak. Le dernier rapport analyse également le retour des combattants terroristes étrangers dans leur pays d’origine. Ces retours, bien plus lent du prévu, poseraient d’autres sérieux problèmes. « L’un des dangers les plus importants résiderait dans les compétences militaires acquises dans les zones de conflit pour préparer des engins explosifs improvisés et pour transformer des drones en engins armés».

Daech se féminise

Le rapport n’analyse pas toutefois le rôle militaire, logistique et d’espionnage des combattantes de Daech. Jusqu’à présent, l’organisation terroriste utilisait principalement les femmes au sein d’Al-Khansaa, sa fameuse milice entièrement féminine implantée à Mossoul (Irak) et à Raqqa (Syrie). Sa mission : surveiller les femmes et punir celles ne respectant pas les préceptes de l’organisation. Mais récemment Nada al-Qahtani3 (selon des informations de la chaîne télé Al Arabiya) aurait été nommée à la tête d’un bataillon 100% féminin en Syrie par Abou Bakr al-Baghdadi. Ce bataillon d’un nouveau genre serait à présent déployé dans le nord-est de la Syrie. Tout ça, il serait un autre signe de l’évolution de la présence féminine à l’intérieur de l’organisation surtout dans le combat actif.  En Lybie, ce rôle actif est devenu désormais une réalité. À Sabratha, par exemple, une localité située à l’ouest de Tripoli, des combattantes de Daech ont participé aux combats. Dans ces actions militaires, trois femmes ont été tuées et au moins sept autres ont été arrêtées. Toutes étaient originaires de Tunisie.

Comment se défendre alors de ces menaces ? Comment contraster l’évolution rapide de Daech? « La coopération internationale, le partage d’informations et le renforcement des capacités sont essentiels», a souligné Vladimir Voronkov. Les combattants terroristes étrangers déjà incarcérés posent enfin un autre risque potentiel de radicalisation d’autres détenus dans les prisons où ils se trouvent. Des efforts supplémentaires seraient donc nécessaires en matière de sécurité dans les prisons.

Antonio Torrenzano

Bibliographie numérique :

-Kader A. Abderrahim, Jean Dufourcq, « Daech : Histoire, enjeux et pratiques de l’Organisation de l’État islamique», Paris, IreMMO, 2017. http://iremmo.org/rencontres/controverses/daech/

– Scott Atran, « L’État islamique est une révolution», Paris, Les Liens qui libèrent, 2016;

– Patrick Cockburn, «Le retour des djihadistes. Aux racines de l’État islamique», Paris, Équateur éditions, 2014;

– Pierre Conesa, François Bernard Huyghe et Margaux Chouraqui, « La propagande francophone de Daech : la mythologie du combattant hereux», Paris, FMSH éditions, 2016. http://www.fmsh.fr/sites/default/files/rapport_propagande_bdef.pdf

– Pierre-Jean Luizard, « Le piège Daech. L’État islamique ou le retour de l’Histoire», Paris, La Découverte, 2015;

– L. Napoleoni, « L’État islamique. Multinationale de la violence», Paris, Calmann-Lévy, 2015 ;

– Ph. Bannier et F. Balanche, « L’État islamique et le bouleversement de l’ordre régional», Paris, édition du Cygne, 2015 ;

– O. Hanne et Th. Flichy de la Neuville, «L’État islamique. Anatomie du nouveau califat», Paris, 2014;

– NATO Strategic Communications Centre of Excellence, « Daesh recruitment. How the group attracts supporters », Riga, NATO StratCom COE press, 2016. https://www.stratcomcoe.org/download/file/fid/6851

Notes bibliographiques :

1 Abou Bakr al-Baghdadi, dont le vrai nom est Ibrahim Awwad Ibrahim Ali al-Badri, serait né à Samarra, au nord de l’Irak, en 1971. Après avoir effectué son service militaire au sein des troupes de Saddam Hussein, Abou Bakr al-Baghdadi se serait installé à Bagdad à l’âge de 18 ans pour étudier. Certaines sources affirmeraient qu’il aurait alors commencé à officier en tant qu’imam. Les origines de sa radicalisation restent toutefois incertaines. Selon certains analystes, il était déjà un militant jihadiste sous le régime de Saddam Hussein; pour d’autres, il se serait radicalisé après l’arrivée des troupes américaines en 2003, contribuant à créer le groupe terroriste “Jamaat Jaish Ahl al-Sunnah wal Jamaa”.

Daech s’affranchira progressivement d’al-Qaïda, cherchant notamment des sources de financement autonomes, jusqu’à devenir officiellement autonome en 2013.

3 Selon les informations de la chaine télé Al-Arabya, Nada al-Qahtani est décrite comme une femme ayant un fort caractère et une volonté inébranlable. Elle jouerait déjà un rôle important dans la propagande du groupe auprès de combattantes étrangères. En 2015, selon le MI6 (le Service de renseignements anglais), 60 ressortissantes britanniques auraient rejoint Daech, mais on sait également que d’autres Européennes (Françaises, Allemandes, Belges et autres) ainsi que des femmes originaires des anciennes républiques soviétiques combattraient dans les rangs de l’organisation terroriste. Un nombre très difficile à dénombrer.

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Selon une enquête des Nations Unies, plus de 7 000 enfants sont morts depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011. Et il ne s’agit que des cas qui ont pu être vérifiés. D’autres données – pas encore vérifiées – affirment au contraire que les victimes seraient plus 20.000 parmi les enfants, a souligné Virginia Gamba, la Représentante du secrétaire général de l’ONU pour les enfants dans les conflits armés. En Syrie, un dispositif de surveillance relative aux enfants en situation de conflit a été créé en 2013.

Devant le Conseil de sécurité, Virginia Gamba a indiqué que les attaques contre les écoles et les centres médicaux ont été l’une des caractéristiques persistantes du conflit en Syrie. Depuis le début de l’année, plus de 60 écoles ont été assaillies et plus de 100 assauts ont été menés contre des hôpitaux et des centres médicaux. Une école sur trois serait hors d’usage. D’autres établissements scolaires durement endommagés, détruits ou utilisés comme abri pour des engins militaires. Les Nations Unies estiment que 2,1 millions d’enfants ne sont pas scolarisés en Syrie.

« Je suis profondément troublée par les histoires des enfants nés et élevés pendant le conflit, des enfants qui n’ont jamais vu la paix en Syrie », a déclaré Virginia Gamba. « Nous pouvons imaginer que ces enfants se trouvent dans une situation de détresse psychosociale sévère. Ils ne savent pas la signification de la parole Paix […]. La communauté internationale doit donner la priorité au financement et à la fourniture d’une éducation de qualité pour tous les enfants à tous les niveaux, de premières étapes du développement de l’enfant à la formation professionnelle pour les jeunes », a dit encore la représentante onusienne.

Pour Virginia Gamba, les enfants syriens doivent être traités comme des victimes des violations du droit international. Il est important, a indiqué la représentante des Nations Unies, que le Conseil de sécurité assure que les enfants ne soient plus l’objet de violations de leurs droits. Les parties au conflit doivent prendre des mesures immédiates, concrètes et effectives pour prévenir les pertes subies par les enfants pendant la conduite des hostilités.

Antonio Torrenzano

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Après près de trois ans de siège, 6.900 femmes, enfants et hommes ont finalement pu quitter les villes syriennes de Foah et de Kafraya, à la suite d’une entente entre les différents sujets du conflit. Les deux villes largement chiites, situées dans le gouvernorat d’Idlib, en majorité tenue par les rebelles, ont été assiégées par des groupes armés non étatiques depuis octobre 2015, et les individus piégés avaient désespérément besoin d’une aide vitale, notamment alimentaire et médicale.

Les Nations Unies n’ont pas été en mesure d’acheminer leur aide humanitaire à ces villes depuis septembre 2017. Les civils ont été escortés par le Croissant-Rouge arabe syrien jusqu’au passage d’Al-Eiss, dans le sud du gouvernorat d’Alep. De sa part, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a communiqué que plus de 760.000 réfugiés syriens sont rentrés chez eux pendant le premier semestre de l’année en cours. L’Agence onusienne a indiqué en outre que parmi ces chiffres, 13.000 réfugiés sont revenus des pays voisins.

Environ 4 millions de Syriens s’étaient réfugiés chez les pays de la région (Jordanie, Liban, Turquie, Irak), pour échapper aux combats et aux violences. La Turquie accueille actuellement près de 3,6 millions de réfugiés; le Liban plus d’un million d’exilés poussés à l’exil par le conflit qui fait rage dans leur pays depuis 2011.

À l’échelle diplomatique, la Russie a proposé aux États-Unis de coopérer afin d’assurer le retour des réfugiés en Syrie, quelques jours après un sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump. « Des propositions concrètes sur l’organisation du travail visant à assurer le retour chez eux des réfugiés ont été envoyées à la partie américaine », a déclaré un haut responsable du ministère, le général Mikhaïl Mizintsev. Ces propositions « tiennent compte des accords obtenus par les présidents russe et américain au cours de leur rencontre à Helsinki […]. Les propositions russes sont actuellement en train d’être examinées par Washington», a-t-il précisé.

De sa part, le secrétaire d’État américain Michael Pompeo a indiqué vendredi 20 juillet que les deux dirigeants avaient commencé à discuter du rapatriement des millions de réfugiés syriens. « Il est important pour le monde que ces réfugiés peuvent regagner leur pays au bon moment, par un mécanisme basé sur le volontariat », a affirmé Michael Pompeo. «C’est dans cette optique que nous travaillons tous. C’est dans cette optique que travaille l’ONU […] et c’est ce dont le président Poutine et le président Trump ont parlé ».

Antonio Torrenzano