Pauvreté: où se situe-t-elle la frontière ?

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Les Pays qui vivent dans une pauvreté extrême, ils cohabitent avec le XXI siècle, mais leur réalité ressemble à celle de XIV siècle: guerres civiles, épidémies, malnutrition. Ce sont de Pays surtout concentrés en Afrique et en Asie centrale. Du 1990 au 2007, ces Nations ont eu de revenus nationaux négatifs, c’est-à-dire de -5% dans leurs PIB. Dans ces Pays vivent environ un milliard d’individus: le dernier milliard comme il l’a définit Paul Collier dans son dernier essai «The bottom millions». Leur situation est destinée d’empirer, leurs possibilités d’intégration avec le reste de la planète à diminuer. Aucune définition de la pauvreté n’a fait l’objet de consensus à l’échelle internationale jusqu’à présent. Sans doute parce qu’il existe de nombreuses façons d’envisager cette réalité, selon qu’on y porte un regard politique, un regard engagé dans le développement, dans l’action sociale, selon encore que l’on est issu du monde scientifique. Mais, à l’échelle du globe, la pauvreté n’a ni couleur, ni frontière.

Sur une partie de l’Afrique, la terre a toujours été difficile et la vie précaire. Cependant, au fil des siècles, les sociétés africaines avaient appris à s’adapter aux contraintes écologiques, à l’irrégularité des pluies comme à la fragilité des sols. Le drame actuel de l’Afrique ne tient ni à son climat ni à ses sols, mais au fait que l’homme a transformé des fragilités en déséquilibres. L’adoption de modèles économiques venus du nord, il me racontait Edgar Pisani pendant un entretien, ils ont détruit les modes de faire, les comportements, la culture des Africains. Ces modèles ont même empêché que les Africains se les approprient. Ces modèles ont déstructuré le système communautaire qui assurait la solidarité des membres du clan et rien n’a pu combler ce vide. Ainsi, l’Afrique a été livrée corps et âme à des concepts, des outils, des technologies, des organisations, des valeurs, des règles de procédure, des choix qui n’étaient pas siens. Au lieu de l’enrichir, ils l’ont mutilée.L’Afrique s’est glissée dans des habits faits pour des autres.Extravagante présomption des pays riches, pour lesquels il ne peut y avoir de société accomplie qu’à l’image de la leur.

Tout le monde, affirmait Edgar Pisani dans l’entretien du mois d’août 2008, s’est fait le complice de cette aliénation culturelle: les gouvernements du nord, les agences internationales, les organismes de coopération, les églises. Les Africains aussi; parce qu’ils ont utilisé l’aide qui leur était nécessaire comme une potion magique, non comme un instrument d’appui à leur propre développement. Tout cela explique l’appauvrissement du continent.

Quoi faire alors? L’urgence dans ce moment tue l’avenir, il m’a répondu Jeffrey Sachs pendant notre dernier dialogue. Le public ne se rend pas compte qu’il existe quotidiennement dans les pays les plus pauvres un tsunami silencieux qui mérite une mobilisation autant que celle de tsunamis visibles. Un désastre est actuellement à l’œuvre dans la plupart des pays d’Afrique et dans de nombreuses parties du tiers-monde. Encore, dans nombreux Pays en voie de développement, la faim peut déterminer et modifier l’avenir,la fréquence scolaire des garçons et des filles, leurs projets, leurs reves.

La faim a créé une situation de vulnérabilité qui augmente pas seulement la diffusion du SIDA, mais les possibilités aussi de contracter la tuberculose ou d’autres maladies chroniques.Nous avons besoin d’un consentement mondial pour pouvoir réaliser l’effacement de la faim. Nous devons réduire de la moitié le numéro d’individus qui vivent en souffrant la faim dans le monde. Faim qu’à aujourd’hui, elle tient en esclavage presque 800 millions d’individus dont 400 millions, ce sont des enfants.

Ce carnet numérique, c’est déjà occupé de la pauvreté comme problème urgent avec deux conversations au mois d’août 2008 avec l’économiste Jeffrey Sachs et l’ancien ministre de l’Agriculture Edgar Pisani, mais aussi au mois d’octobre 2008 avec Éric Toussaint, économiste et président du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde–Belgique. Encore, dans l’année 2007, toujours au mois de novembre, cette rubrique a publié un dossier approfondi dédié au Continent africain et plusieurs débats avec l’économiste Samir Amin, M.me Sheila Sisulu (sous-directeur exécutif du Programme alimentaire mondial des Nations Unies), le journaliste Giulio Albanese (directeur de l’agence internationale de presse MISNA).

La crise financière et les bouleversements économiques de ces derniers mois, ils nous obligent à retourner sur ce sujet pour rappeler à la communauté internationale le silence de ces prisonniers inconnus, abandonnés aux humiliations à l’autre but du monde, à ne pas oublier ce silence et à le faire retentir par les moyens de la parole. Aucune société n’est parfaite, il soutenait Claude Lévi-Strauss dans «Tristes tropiques». Toutes comportent par nature une impureté incompatible avec les normes qu’elles proclament, et qui se traduit concrètement par une certaine dose d’injustice, d’insensibilité,de cruauté. Un humanisme bien ordonné ne commence pas, il affirmait toujours Claude Lévi-Strauss dans l’essai «L’origine des manières de table», par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres êtres avant l’amour-propre.Des réflexions, aujourd’hui, encore très contemporaines.

Antonio Torrenzano

 

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