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Le représentant des Nations Unies pour la Libye, Ghassan Salamé, a annoncé que la Conférence nationale libyenne sera reportée en raison du conflit qui est en train de se produire aux alentours de Tripoli parmi les milices du maréchal Khalifa Aftar et les forces de Fayez el-Sarraj. Les combats dans la Capitale libyenne auraient provoqué 56 morts et 266 blessés au cours des six derniers jours, a indiqué l’ONU qui continue de mobiliser ses équipes médicales pour venir en aide aux populations.

«Nous ne pouvons pas demander aux gens de participer à la conférence sur fond de coups de feu et de frappes aériennes», a déclaré Ghassam Salamé dans un communiqué dans lequel il a condamné l’attaque par l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar contre l’aéroport civil de Tripoli. Le Représentant spécial a précisé que l’ONU avait décidé de ne pas se précipiter et d’agir avec «prudence et responsabilité» face aux affrontements, «afin de ne pas gaspiller les opportunités historiques disponibles».

Ghassan Salamé a néanmoins souligné que la réunion, prévue pour la semaine prochaine, aura lieu «dans les meilleurs délais». De sa part, le secrétaire de l’ONU Antonio Guterres a précisé que les Nations Unies feront tout pour soutenir des efforts diplomatiques pour trouver une solution politique aux affrontements en cours. Depuis le 20 juin 2017, Ghassam Salamé est à la tête de la Mission des Nations Unies en Libye cherchant de débloquer une situation qui est pratiquement au point mort. En acceptant le poste, Ghassam Salamé avait conscience qu’il s’agissait d’une mission quasi impossible.

Aujourd’hui, le but de réunifier les institutions et redonner à la Libye un État solide est-il autant admissible ? Le plan d’action, appelé également «feuille de route», proposé par le représentant des Nations Unies pour la Libye est-il encore concevable ? Toute sortie de crise implique de satisfaire les besoins immédiats des Libyens : restaurer la sécurité des individus et des biens, démilitariser les milices, réduire les flux migratoires, reconstruire les institutions étatiques, relancer l’activité économique, retrouver un certain bien-être social et réduire la conflictualité des familles claniques libyennes en ce qui concerne leur ambition de gérer singulièrement le pouvoir.

À présent, le seul pacte qui demeure pour l’ONU par lequel démarrer un possible règlement de la crise serait l’Accord de Skhirat de 2015. Mais l’Accord de Skhirat a-t-il été un accord satisfaisant ? Les institutions qui en sont issues, ont-elles bien rempli leurs rôles ? Dans tous les cas, ni l’Accord politique de 2015 ni le plan d’action de 2017 de Ghassam Salamé ne permettront une sortie de crise. Même l’agenda du sommet de Paris du 29 mai 2018 est irréalisable parce que tous les acteurs libyens (Khalifa Haftar, Fayez el-Sarraj, Aguila Salah et Khaled al-Meshri) ont refusé de signer la déclaration finale avec le prétexte qu’il fallait se référer aux Assemblées avant de signer le pacte.

Pour le secrétaire des Nations Unies, la situation en Libye est «très dangereuse». Le même a également rappelé que seulement des solutions politiques pourront mettre fin aux affrontements en Libye. Il n’est ni irréaliste ni utopique de penser à un scénario alternatif de sortie de crise. Un canevas alternatif serait-il alors envisageable ? Une hypothèse alternative pourrait-elle être une nouvelle période de transition gérée par un exécutif provisoire constitué d’un triumvirat de trois représentants des trois régions historiques que sont la Cyrénaïque, la Tripolitaine et du Fezzan ?

Antonio Torrenzano