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Depuis huit ans, la Syrie bascule encore dans un conflit sanglant et une tragédie humaine aux dimensions colossales. Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime de Bachar el-Assad, le conflit syrien s’est accentué au fil des années avec l’implication de pays étrangers et de groupes djihadistes. Le conflit syrien a également provoqué «la plus grande crise humanitaire que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale», selon l’expression-choc des Nations Unies.

En huit ans, le conflit a fait plus de 380.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Le conflit a également fait 6,1 millions de déplacés à l’intérieur de Syrie et 5,6 millions de réfugiés dans les pays voisins surtout au Liban, en Jordanie, en Irak et en Turquie selon les données statistiques du HCR. Mais, il faudra de même recenser les centaines de milliers de Syriens qui ont afflué en Europe fuyant la guerre. À ce terrible bilan humain, il y a pareillement la désastreuse situation économique du pays. Dans un ancien rapport financier de 2017 sur la Syrie, la Banque Mondiale estimait que le coût des pertes dues à la guerre était 226 milliards de dollars (183 milliards d’euros), c’est-à-dire l’équivalent de quatre fois du produit intérieur brut (PIB) d’avant le conflit. Selon le même organisme économique international, le conflit aurait fait revenir trois décennies en arrière l’économie syrienne. Sur le terrain, la situation humanitaire demeure ordinairement complexe.

Pour la plupart des familles syriennes, le cauchemar des bombardements et des coups de feu incessants est terminé. Le gouvernement a repris le contrôle d’une bonne partie du pays, sauf pour ce qui est d’un dernier bastion de l’opposition autour d’Idlib. Ceux qui ont d’une manière ou d’une autre survécu aux obus et aux snipers doivent à présent survivre dans une paix incertaine. La ville d’Alep est par exemple un tas de ruines et il faudra au moins une génération pour la reconstruire. La ville qui détenait en son sein l’un des plus fabuleux bazars de la Route de la soie est maintenant exempte de couleurs. Une route réduite kilomètre après kilomètre en miettes de ciment gris.

Le chef de l’humanitaire des Nations Unies, Mark Lowcock, a prévenu le Conseil de sécurité de l’ONU que des millions de Syriens vivant sous des tentes ou dans des bâtiments dévastés par la guerre ils ont besoin d’assistance. Avec les munitions non explosées qui jonchent encore le sol, seules les rues principales sont sûres, en particulier dans les zones à l’est, qui ont le plus payé le tribut des bombardements. L’ONU considère que la situation est trop risquée pour un retour chez eux des réfugiés. Dans toute la Syrie, trois écoles sur dix et la moitié des centres de soins sont fermés. Huit ans après le début du conflit syrien, le secrétaire général Antonio Guterres a lancé un appel urgent à tous les acteurs du conflit.

Tout d’abord, respecter leurs engagements et l’accord de cessez-le-feu conclu sur Idlib. «Les opérations de lutte contre le terrorisme ne peuvent pas outrepasser la responsabilité de protéger les civils. Un cessez-le-feu à Idlib est une étape nécessaire pour ouvrir la voie à un cessez-le-feu à l’échelle nationale», a-t-il dit. Le secrétaire général a ensuite souligné que quelconque opération militaire envisagée, planifiée ou exécutée par un acteur doit pleinement respecter le droit international humanitaire et faire en sorte que les droits de l’homme soient protégés. «Des civils innocents, en majorité des femmes et des enfants, ont payé le prix fort dans ce conflit en raison du mépris flagrant du droit international humanitaire et des droits de l’homme», a-t-il déploré.

Le chef de l’ONU a également appelé à tous les acteurs de la guerre à garantir un accès humanitaire durable en Syrie alors que 11,7 millions de personnes ont besoin de protection et d’assistance. Le secrétaire des Nations Unies a enfin réitéré son soutien entier au nouvel envoyé spécial, Geir Pedersen, pour faciliter un processus de paix et politique dirigé et contrôlé par les Syriens afin de mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et le communiqué de Genève de juin 2012.

Pour le chef de l’ONU, la communauté internationale a «l’obligation morale et l’impératif politique» d’encourager les Syriens à s’unir autour d’une vision commune pour leur avenir. Un avenir «qui protège les civils, allège les souffrances, prévient la poursuite de l’instabilité, s’attaque aux causes profondes du conflit et crée enfin une solution négociée crédible», a-t-il dit. En Syrie, toutefois, après huit ans de guerre, la situation reste une catastrophe très compliquée.

Antonio Torrenzano

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Le nouvel Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie espère reprendre dès que possible le processus politique de paix et mettre fin à huit ans de conflit dans ce pays. Geir Pedersern, qui a pris ses fonctions en janvier 2019, est le quatrième médiateur de l’ONU depuis le déclenchement du conflit en 2011. Lors de sa rencontre avec la presse au Palais des Nations, il a exposé son désir de poursuivre les acquis de son prédécesseur, l’Italien Staffan de Mistura, notamment concernant la mobilisation de la société civile, condition selon lui, pour arriver à terme à une paix durable. « J’espère évidemment que nous serons en mesure de réunir dès que possible le Comité constitutionnel à Genève », a déclaré Geir Pedersen, lors de sa première rencontre avec la presse ce vendredi à Genève. « Je considère le Comité constitutionnel comme une ouverture potentielle au processus politique, mais parallèlement, nous devons également travailler sur d’autres questions. Et j’espère pouvoir en discuter plus en détail avec les différentes parties syriennes, ce qui pourra contribuer à l’instauration de la confiance », a-t-il affirmé. «Je souhaite rencontrer un segment aussi large que possible de la population syrienne, notamment la société civile syrienne bien entendu – vous savez également combien il est important de rencontrer des femmes et de continuer à mettre l’accent sur l’aspect genre de la crise », a-t-il dit.

«Je pense que mon travail restera évidemment très difficile. Je m’efforcerai de combler les écarts très importants », a-t-il dit, tout en indiquant souhaiter «d’être un médiateur impartial, prudent et ciblé, qui traite directement avec toutes les parties et qui peut résoudre les problèmes qui ont rendu les progrès si difficiles à réaliser jusqu’à présent ». Le diplomate norvégien a insisté sur le fait qu’il n’y a qu’une solution négociée possible en Syrie et que, dans le cas d’une solution négociée, « il est évident que les deux parties devront s’asseoir ensemble et entamer de véritables négociations ».

Sur le terrain, il y a eu une décroissance générale des hostilités, mais les violations généralisées et l’anarchie représentent encore une dure réalité pour les civils et pour les réfugiés qui pensent revenir chez eux. Les avancées des forces progouvernementales et l’accord entre la Russie et la Turquie pour une zone démilitarisée dans la région d’Idlib ont contribué à une baisse des affrontements, mais la situation reste critique.

Selon la Commission d’enquête des Nations Unies sur les violations des droits humains et les crimes de guerre en Syrie, entre juillet 2018 et janvier 2019, d’intenses combats se sont poursuivis dans le nord-ouest et l’est de la Syrie et la population civile a été la plus touchée. Les derniers combats ont été caractérisés par de nouveaux crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, notamment avec des attaques indiscriminées, des pillages et des persécutions, y compris par des groupes armés. «Avant tout, les hostilités se poursuivent sans un grand respect des lois de la guerre, des droits de l’homme ou d’un sentiment de compassion envers ceux qui en subissent les effets», a déclaré le président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, Paulo Pinheiro. «Les attaques menées par les forces progouvernementales à Idlib et dans l’ouest d’Alep, ainsi que par les forces démocratiques syriennes et la coalition internationale à Deir ez-Zor, continuent de faire de nombreuses victimes civiles». Dans le mémorandum de 20 pages, publiés aujourd’hui, la Commission d’enquête a souligné les effets néfastes des hostilités encore en cours et des violations qui en résultent, sur le retour en toute sécurité et durable de millions de personnes déplacées et de réfugiés.

«Les violations continues commises par tous les acteurs du conflit, associés à la destruction d’infrastructures essentielles, au manque de prestation de services efficace et de documentation civile, ont créé des conditions rendant totalement illusoire la possibilité d’un retour sûr et durable », a déclaré la commissaire Karen AbuZayd.

Antonio Torrenzano

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Geir Pedersen, nouvel envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, a pris ses fonctions lundi 7 janvier 2019. Le diplomate norvégien âgé de soixante-trois ans avait été précédemment l’ambassadeur de Norvège en République populaire de Chine. Le nouvel envoyé s’est dit honoré d’assumer des fonctions au service du peuple syrien et de ses aspirations à la paix.

Geir Pedersen a été Représentant de la Norvège auprès de l’Autorité palestinienne (1998 à 2003),représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Liban du Sud (2005-2007), Coordonnateur spécial pour le Liban (2007-2008) et représentant permanent de son pays auprès des Nations unies à New York de 2012 à 2017. La feuille de route de Geir Pedersen aura comme but, comme le même indique, d’oeuvrer en faveur d’une solution pacifique et de la mise en oeuvre de la résolution RCS2254 : plan de paix des Nations Unies pour la Syrie1. Le diplomate norvégien succède à Staffan de Mistura et il est le quatrième médiateur des Nations Unies depuis le début du conflit syrien en 2011. Le nouvel émissaire de l’ONU est arrivé, ce mardi, à Damas, pour sa première visite dans le pays depuis sa nomination à ce poste. Le voyage du médiateur onusien intervient alors que sur le terrain, l’UNICEF a annoncé qu’au moins 15 enfants ont perdu la vie en Syrie en raison du froid hivernal et du manque de traitements médicaux.

Mais, «outre les femmes et les enfants, de nombreuses personnes âgées sont à risque», a déclaré Andrej Mahecic, porte-parole du HCR, lors d’un point de presse à Genève. Selon le HCR, les récents combats dans l’est de la Syrie ont également produit des déplacements à grande échelle entre la population civile. Au cours des six derniers mois, des affrontements et des frappes aériennes dans le sud-est du gouvernorat de Deir-ez-Zor ont forcé environ 25.000 personnes à fuir. «Nous sommes inquiets du sort des civils qui continuent d’être bloqués dans les zones contrôlées par l’État islamique», a ajouté Andrej Mahecic. Les familles déplacées qui se rendent au camp d’Al Hol, dans le nord-est de la Syrie, ont indiqué au personnel du Haut Commisariat pour les Réfugiés que les civils qui tentent de fuir font face à de nombreuses difficultés et de dangereux obstacles pour quitter la zone de conflit.

Dans ces conditions, le Haut Commisariat est en train d’appeler toutes les acteurs du conflit, ainsi que toutes les personnes qui ont une influence sur les belligérants, à garantir la liberté de circulation et la sécurité du passage. La majorité des personnes récemment déplacées ont cherché refuge au camp d’Al Hol. Plus de 8.500 personnes se sont installées au camp d’Al Hol au cours des cinq dernières semaines. Par ailleurs, dans le gouvernorat de Hassakeh, le camp de fortune d’Al-Areesha, qui abritait environ 10.000 déplacés, a été touché par la crue des eaux d’un réservoir tout proche. Plus des deux tiers du camp sont sous l’eau. Les résidents s’installent dans les zones les plus élevées du camp.Au Liban voisin, la tempête Norma a affecté cette semaine les communautés libanaises et réfugiées.

Près de huit ans après le début de la guerre civile, la population syrienne reste partagée entre espoir et inquiétudes : les combats perdent en intensité dans certaines régions du pays, mais la guerre est loin d’être terminée.

Antonio Torrenzano