La paix est-elle possible au Yémen ?

La paix est-elle possible au Yémen ? Après plus de deux ans et demi de tentatives infructueuses, la question semblerait superflue, mais les derniers événements politiques locaux et diplomatiques à l’échelle internationale pousseraient à l’optimisme.

L’envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Martin Griffiths, a annoncé devant le Conseil de sécurité des Nations unies vendredi, d’avoir enfin « de bonnes nouvelles et un message d’espoir » pour la population yéménite. Martin Griffiths a rendu compte des accords conclus jeudi en Suède entre les parties au conflit au Yémen. Des accords qui ont abouti à la Déclaration de Stockholm, entrée en vigueur dès sa publication le 13 décembre. Selon l’entente, le gouvernement yéménite et les rebelles houthistes ont déclaré leurs volontés pour cesser les combats à Hodeïda, dont le port est vital pour que l’aide humanitaire puisse parvenir à des millions de Yéménites qui en dépendent. Il faut savoir qu’au Yémen, le port d’Hodeïda est de première nécessité : 70% des importations et de l’aide humanitaire pour ce pays y transitent. À présent, selon l’ONU, 75% de la population, soit 22 millions de personnes, ont besoin d’une aide et de protection, dont 8,4 millions sont en situation d’insécurité alimentaire grave.

À la fin du mois de novembre, l’ONG “Save the Children” avait révélé un autre bilan horrifiant : 85 000 enfants de moins de 5 ans seraient décédés pour misère et malnutrition depuis 2015 alors que 5.000.000 d’enfants seraient aujourd’hui menacés par la famine. De même, le choléra a frappé extrêmement durement ce pays durant l’été 2017 : 1.000.000 de personnes infectées pour 2.226 morts, 1 habitant sur 27. À Stockholm, les parties belligérantes ont également accepté d’atténuer les tensions à Taëz avec la perspective d’ouvrir des couloirs humanitaires et de concevoir un plan permettant l’échange de prisonniers. Martin Griffiths espéré également la libération de 4 000 prisonniers d’ici à la mi-janvier. En revanche, les parties ne sont pas encore parvenues à un accord sur la réouverture de l’aéroport de Sanaa, ni sur les mesures nécessaires pour améliorer les opérations de la Banque centrale du Yémen, afin de payer totalement les salaires de tous les fonctionnaires.

«Une terrible tragédie est en train de se dérouler au Yémen. La population a un seul message à adresser au monde : cette guerre doit cesser », a – pour sa part – annoncé le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, de retour d’une visite sur le terrain il y a deux semaines.

S’appuyant sur un récent rapport d’un consortium d’agences humanitaires, Mark Lowcock a précisé que près d’un quart de million de Yéménites sont sur le point de mourir de faim et que plus de 20 millions sont en insécurité alimentaire. «Même pour les travailleurs humanitaires les plus aguerris, les chiffres sont choquants», a affirmé le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU. Les parties devraient se retrouver à la fin du mois de janvier, en Suède, pour de nouvelles consultations.

Antonio Torrenzano

À lire, “Yémen : voyage dans une catastrophe humanitaire où guerre et famine rendent le pays un enfer sur terre“, Carnet Hic et Nunc, novembre 2018, http://e-south.blog.lemonde.fr/2018/11/04/yemen-voyage-dans-une-catastrophe-humanitaire-ou-guerre-et-famine-rendent-le-pays-un-enfer-sur-terre/

À lire également : “Yémen : voyage aux racines de la guerre”, Carnet Hic et Nunc, août 2018, http://e-south.blog.lemonde.fr/2018/08/14/yemen-voyage-aux-racines-de-la-guerre/