C’étaient les années 2000. Quand la révolution numérique n’est plus virtuelle…

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Les années 2000 ont confirmé la spectaculaire progression de la convergence numérique dans notre environnement journalier. Carnets virtuels, forums de discussion, réseaux sociaux… L’homme numérique écrit, se mobilise, partage ses enthousiasmes, ses combats. Depuis dix ans, le réseau net n’en finit plus d’élargir l’espace public. Manuel Castells soutient que : « les réseaux constituent la nouvelle morphologie sociale de nos sociétés, et la logique de la mise en réseau détermine largement les processus de production, d’expérience, de pouvoir et de culture […] Ce qui est nouveau aujourd’hui c’est le fait que les technologies de l’information fournissent la base de son expansion à la société tout entière ». Société en réseau émancipée des hiérarchies verticales dans laquelle le sociologue Manuel Castells pense que l’individu peut trouver de nouveaux leviers pour réaffirmer soi-même, faire vivre avec plus de force son identité dans un monde déterritorialisé. Manuel Castells soutient encore que le réseau est en train de construire une intelligence collective qui a l’occasion de substituer une organisation en réseau égalitaire aux vieilles hiérarchies pyramidales.

La diffusion dans nos sociétés de la convergence numérique a connu donc dans la première décennie du XXI siècle une vitesse sans précédent. L’installation de la société de l’information dans notre quotidien est désormais, comme nombreuses statistiques européennes constatent largement acquise. En France, plus de 25 millions de Français sont désormais des utilisateurs constants d’internet, près de 17 millions de foyers sont abonnés au haut débit, envoyer un courrier électronique est devenu aussi banal que de passer un appel téléphonique par le mobile. Comme l’avait déjà prophétisé Nicholas Negroponte il y a quelques années, le réseau net est omniprésent dans notre quotidien, il est devenu un élément structurant de notre économie, un point de repère de la vie d’homme numérique. Si en 1985, la passion pour le micro-ordinateur et la culture du langage de programmation étaient exclusivement de savoirs et de questions pour les spécialistes ; désormais, l’ordinateur n’est plus une affaire de passionnés ou professionnels.

Dans la société de l’information, il a écrit Laurent Sorbier, Teknê et Polis s’entrelacent encore plus intimement et fortement que par le passé jusqu’à former une seule et même toile, celle de l’internet. Mais la convergence numérique a transformé aussi l’environnement de l’information. Le passage rapide au numérique a changé l’édition, la recherche, l’apprentissage, la culture, les professions, tout ce qui concerne notre vie quotidienne. Le secteur de l’édition est intrinsèquement numérique maintenant. La photographie a fait la même chose autant que la production audiovisuelle. Les sites Web, qui constituent la plus récente des formes d’édition, documentent maintenant une large partie de l’activité commerciale et économique en Europe autant que dans la planète.

La révolution actuelle n’est pas une simple révolution technique, mais quelque chose de beaucoup plus profond, comparable à ce que fut l’apparition de l’alphabet ou à l’invention de l’imprimerie. Mais, le net est-il l’équivalent d’une imprimerie universelle, personnelle, ubiquitaire, instantanée ? Cette «intelligence collective» sera-t-elle assimilable à la noosphère de Teilhard de Chardin ? Sera-t-elle une « nappe » d’intelligences personnelles et libres ? Les formes contemporaines de production, de circulation et d’usage du document numérique accompagnent l’émergence d’une nouvelle modernité. Mais, cette nouvelle modernité n’a pas été encore analysée. La déterritorialisation de la mondialisation liée intrinsèquement à la nature du cyberespace, préparent-elles un nouvel ordre mondial ? Devant un tel choc, nos anciens repères s’évanouissent. Alors, vers quoi se tourner ? De quelle clairvoyance avons-nous aujourd’hui besoin ?

Antonio Torrenzano

 

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