La crise et après ? Conversation avec Alain Touraine, EHESS Paris.

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Conversation avec Alain Touraine, sociologue, écrivain, professeur, directeur d’études à l’École des Hautes Études en sciences sociales de Paris. Alain Touraine est docteur honoris causa des Universités de Cochabamba (1984), Genève (1988), Montréal (1990), Louvain-la-Neuve (1992), La Paz (1995), Bologne (1995), Mexico (1996), Santiago (1996), Québec (1997), Córdoba (Argentine, 2000). Auteur des nombreux essais traduits dans plusieurs langues diplomatiques, il vient de publier «Penser autrement» (éditions Fayard, 2007) et «Si la gauche veut des idées» avec Ségolène Royal aux éditions Grasset. Le dialogue a eu lieu dans la ville de Turin pendant le festival «Biennale Democrazia», le 23 avril 2009.

Antonio Torrenzano. Pouvons-nous analyser cette phase comme une situation de transition pendant laquelle les nombreux acteurs (institutions internationales, États occidentaux, entreprises) feront tout ce qu’il est possible pour retrouver l’équilibre ?

Alain Touraine. Il y aura des changements significatifs de l’ordre mondial et cette crise va peut-être contribuer à les accentuer. Les États-Unis resteront un acteur important, mais ils ne pourront plus reconquérir leur position dominante relativement à la multiplication des centres de pouvoir : la Chine, le Brésil, l’Inde. L’avenir sera la somme du nombre incalculable d’actions, mais il est impossible de le prévoir.

Antonio Torrenzano. La crise, était-elle prévisible ?

Alain Touraine. La crise était prévisible. La communauté internationale ne pouvait anticiper ni le moment précis, ni son ampleur. Cette situation a été exacerbée par le fanatisme du marché libéral qui a démantelé les régulations existantes. L’affaiblissement de ces vérifications a produit cette situation. C’est la fin d’une certaine époque de libéralisation financière et la crise que nous vivons correspond aussi à la fin d’un cycle politique. Cette crise a été aussi le résultat de la non prise en compte des risques.

Antonio Torrenzano. Les économistes appellent les risques: externalités. Est-ce que ces externalités peuvent mettre en danger la démocratie ?

Alain Touraine. Le plus urgent, aujourd’hui, c’est de redonner à la société de nouveaux moyens de se reconnaître et de se représenter. Une société divisée en castes n’est plus une démocratie. C’est une tâche difficile, car les instruments à notre disposition ont été approfondis dans le contexte d’un modèle qui s’est épuisé sous nos yeux. De quelle démocratie pourrions-nous discuter sans une égalité des ressources ou une égalité de possibilités ?

Antonio Torrenzano

 

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