Ce monde qui est encore le notre!!

Pendant mes cours avec mes étudiants, quand je commence à discuter de mondialisation, j’affirme tout de suite que les enfants et les vieux n’interessent pas à l’économie mondiale et aux politiciens. Les enfants et les vieux ne vont même pas voter. La creativité et la sagesse sont des doutes trop chères à pratiquer.

Je continue encore en disant que la mondialisation recouvre d’abord une réalité économique: ouverture des marchés, internationalisation des firmes, libéralisation des flux financiers. Je montre et développe comme les nombreuses analyses détaillent ces mécanismes, évaluent leurs conséquences en matière de richesse, de travail, d’emploi. Dans quelle manière l’impact de la mondialisation dans différents pays est étudié, ainsi que le processus de l’intégration régionale au sein de l’économie mondiale. S’il est vrai que nous vivons dans une économie mondialisée, au sein d’ une société-monde, où l’information, la culture et la communication sont planétaires, que nous évoluons à l’ère du global, il importe de comprendre ce que signifient ces différents processus pour connaître ce monde qui est encore le notre.

Mais dans ce processus économique et social quoi reste-t-il de l’Individu, de sa dignité, des toutes les histoires plurielles, des nos vies des garçons et jeunes filles, au nord autant que au sud …partout dans cette sociétémonde ? La question de Greta et Giulia, deux mes étudiantes de 16 ans au lycée scientifique Aldo Moro, m’avait vraiment pertubé. Je ne pouvais pas leurs répondre seulement par un mécanisme mathématique ou économétrique. Sûrement précis,rigoreux… mais elles cherchaient et voulaient des autres réponses. Réponses, qu’ils pussent satisfaire ou soutenir leurs lots d’inquietudes, d’espoirs,d’interrogations. Par habitude nous parlons de mondialisation, par habitude je trouve que nous avons renoncé à notre sens critique. Ah…l’habitude, la plus infames des maladies que nous fait accepter n’importe quel malheur, n’importe quelle doleur, n’importe quelle mort. Par habitude, on vit avec des personnes détestables, on apprend à supporter les chaines, à subir les injustices, à souffrir. On se résigne à la doleur, à la solitude, à tout. L’habitude est le plus insideux des poisons. L’habitude nous evahit lentement. En silence, elle grandit peu à peu se nourissant de notre indifference et, quand on découvre qu’elle est là, que chacun de nos gestes en est conditionné, il n’y a plus de remède possible pour en guèrir.

Dans ce temps present de Hong Kong à Paris, de Moscou à Bologne, de New York à Abidjan, de Montreal à Adis Abeba, nous ne risquons plus d’être dépaysés. Nous sommes tous des consommateurs. Le monde est rempli de consommateurs. Nous pouvons manger les mêmes hamburgers-frittes, porter les même jeans, boire les mêmes boissons,mettre les mêmes pull-overs, regarder les mêmes soap opera. Et si un produit est trop cher, la contrefaçon massive se chargera tout de même de ramener la consommation à l’identique.Le plus étrange, c’est que cet effet opère autant en haut de l’échelle sociale qu’en bas. Les demeures bourgeoises se ressemblent, les bidonvilles aussi. Même la misère cherche à s’habiller à l’occidentale pour sauver sa dignité. Les organismes internationaux pourront réguler la mondialisation, mettre en place des économies alternatives. J’éspère substituer la logique du marché à la logique de l’hominisation de la Terre, modifier cette absurdité qui ne me semble plus choquer personne dans le seul et possible horizon des nos démocraties. Mais il faut faire vite! Il faut elaborer une gouvernance planétaire, une nouvelle démocratie transcontinentale. Et, je crois, comme Jurgen Habermas souligne dans son dernier essai, seulement l’Organisation des Nations Unies pourra interpreter ce rôle.

Il y a encore la question de l’éthique de la mondialisation qui doit etre posée avec urgence. Quoi reste-t-il de notre concept de beauté? De la capacité de l’individu à rever, à immaginer, à traduire en actions sa pensée? Edgar Morin dans Une Politique de Civilisation dit:« Le monde est dans les douleurs agoniques de quelque chose dont on ne sait si c’est naissance ou mort. L’humanité n’arrive pas à accoucher de l’Humanité ». Nous vivons dans une complexité modiale avec plusieurs presents articulés. De plus, la rue ne hurle pas assez fort pour atteindre l’entendement des décideurs. Et c’est là une critique de fond très bien formulée par Edgar Morin: « le libéralisme mondial se fonde sur un univers mental doctrinaire, linéaire, quantifié, unidimensionnel. Il perpétue une vision progressive de l’Histoire qui a perdu toute crédibilité. Il prend pour superstition tout ce qui s’attache aux identités, singularités, traditions culturelles et considère comme soubresauts d’un monde dépassé les premières révoltes qui se manifestent contre son déroulement, sans jamais songer qu’elles puissent constituer les annonces de contre-courants futurs.»

Pour qu’un changement significatif se produise dans la situation critique qui est la nôtre, il est nécessaire que l’individu s’éveille et sorte de cette hallucination collective entretenue aujourd’hui, qu’il éveille la communauté dont il fait partie et affecte en profondeur l’humanité toute entière. Il faut retrouver l’amour, la passion, l’énergie d’être encore capable de traduire en vers nos vies. Merci Greta, merci Giulia,pour m’avoir encore rappelé, dans une manière si forte come votre âge, que la vie humaine n’est pas simplement celle-là que nous avons vécue, mais celle qui se rappelle et comme se rappelle…pour la raconter.

Antonio Torrenzano

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