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syria_briefing_security_council_30_october_2014Pendant la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation en Syrie, la Sous-Secrétaire générale des Nations Unies aux affaires humanitaires, Kyung-wha Kang, a souligné que la poursuite des violences en Syrie aggraverait la crise humanitaire.

«La situation en Syrie s’aggrave», a dit Kyung-wha Kang. La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, qui s’exprimait au nom de la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a déclaré que la poursuite des violences à travers le pays est la cause principale de l’aggravation de la situation humanitaire en Syrie. Elle a indiqué qu’au mois de septembre 2014, des attaques indiscriminées contre des zones densément peuplées, y compris contre des écoles et des hôpitaux, avaient fait de nombreuses victimes civiles.

En octobre, le bombardement d’une école à Homs avait fait 50 morts, dont 29 enfants. «Le 27 octobre, deux autres écoles de la partie d’Alep contrôlée par le gouvernement syrien ont été bombardées». Au cours du mois dernier, «200.000 personnes ont fui l’avancée brutale de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), cherchant refuge en Turquie». «Presque 14.000 personnes ont cherché refuge en Iraq en augmentant le nombre de réfugiés et d’individus déplacés dans ce pays», a-t-elle détaillé. La Sous-Secrétaire générale a communiqué de plus que l’EIIL et d’autres parties au conflit en Syrie ont détruit villages et villes dans la plus grande impunité. «Le 25 octobre, un petit camp de personnes déplacées à Idlib a été la cible de ce type de bombardement, causant la mort de nombreuses personnes, dont des femmes et des enfants», a-t-elle ainsi signalé. L’acheminement de l’aide humanitaire dans certaines des zones les plus touchées par le conflit ne peut pas toujours se dérouler, a-t-elle ajouté. Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM) se trouve, dans certaines occasions, dans l’incapacité de porter assistance aux quelque 600 000 personnes visées par l’EIIL dans les gouvernorats de Deir ez-Zorand et de Raqqa.

Kyung-wha Kang a exhorté en outre la communauté internationale à honorer son engagement de financement pour l’exploitation du secours humanitaire. La sous-secrétaire générale des Nations Unies aux affaires humanitaires a aussi souligné que près d’un million de personnes est dans le besoin et que seulement 39% de l’appel humanitaire d’un montant de 2,3 milliards de dollars a été financé. «Les conséquences sont dramatiques: l’aide alimentaire va être réduite, et ce sont plus de 4 millions de Syriens qui vont en pâtir. Un million de personnes ne recevront ni couvertures, ni vêtements chauds, ni fuel pour faire face à l’hiver», a-t-elle prévenu. « J’appelle donc la communauté internationale à redoubler d’efforts pour que nous puissions répondre à des besoins de la population».

Antonio Torrenzano

 

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dimitar_dilkoff_afp_femme_kurde_imageDepuis le 16 septembre 2014, la ville de Kobané est assiégée par l’organisation terroriste de l’État islamique. Kobané est la troisième ville kurde de la Syrie à la frontière avec la Turquie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) plus de 300.000 habitants ont fui la ville, dont plus de 200.000 personnes sont parties en Turquie et d’autres milliers en Irak. L’État islamique se polarise sur ce lieu «afin d’assiéger les combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans la ville, couper leur route d’approvisionnement et les empêcher d’évacuer leurs blessés vers la Turquie», comme affirme l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Retour sur les dates clés de la bataille entre les jihadistes et les combattants kurdes pour la domination de la ville de Kobané dans le nord de la Syrie :

16 septembre 2014 : les jihadistes de l’EIIL, qui ont proclamé un califat sur les vastes régions qu’ils contrôlent à cheval entre la Syrie et l’Irak, lancent une offensive contre la ville de Kobané, à la frontière avec la Turquie.

19 septembre 2014 : les jihadistes effectuent une percée fulgurante, prenant le contrôle d’une soixantaine de villages kurdes en deux jours, autour de Kobané. Les combattants kurdes battent en retraite, car le rapport de force leur est défavorable.

23 septembre 2014 : les États-Unis aidés de leurs alliés arabes engagent pour la première fois le combat contre les jihadistes de l’EIIL en Syrie en ouvrant un nouveau front dans la guerre contre ce groupe ultra radical.

5 octobre 2014 : Une femme mène un attentat suicide contre une position de l’EIIL à l’est de Kobané. Il s’agit du premier attentat suicide connu d’une combattante kurde contre ce groupe, lui-même familier de ce type d’attaque asymétrique.

6 octobre 2014 : les jihadistes entrent dans Kobané par l’est. Selon l’OSDH il y a une “guérilla urbaine”. En Turquie, début de manifestations violentes de milliers de jeunes kurdes pour dénoncer le refus d’Ankara d’intervenir militairement pour aider les combattants à Kobané (on compte au moins 34 morts au total).

7/8 octobre 2014 : des avions de la coalition dirigée par les États-Unis mènent plusieurs frappes pour aider les forces kurdes à freiner l’avancée des jihadistes dans la ville de Kobané. Des combats se poursuivent dans plusieurs quartiers entre combattants kurdes et jihadistes.

10 octobre 2014 : le chef du principal parti politique kurde de Syrie, le Parti de l’union démocratique (PYD), presse la Turquie de laisser passer des armes destinées aux forces qui défendent Kobané. Les jihadistes s’emparent du QG des forces kurdes dans Kobané, qui comprend le complexe militaire des Unités de protection du peuple (YPG, principale milice kurde syrienne), la base des Assayech (forces de sécurité kurde) et le siège du conseil local de la ville. L’ONU met en garde contre un “massacre” si la ville tombe aux mains des jihadistes.

13 octobre 2014 : les jihadistes atteignent pour la première fois le centre de Kobané. “Ils contrôlent désormais la moitié de la localité” (OSDH).

14 octobre 2014 : Les dernières frappes menées par les avions américains et saoudiens ont “freiné la progression de l’EIIL” dans Kobané (armée américaine). Le président François Hollande estime que la Turquie doit “absolument ouvrir” sa frontière avec la Syrie pour permettre d’aider les défenseurs kurdes de Kobané.

15 octobre 2014 : des combats se poursuivent dans Kobané, où les forces kurdes aidées de frappes de la coalition ont repris aux jihadistes deux positions dans le nord de la ville (OSDH).

– 20 octobre 2014 : la coalition internationale lance sur Kobané munitions, armes légères et d’autres approvisionnements.

– 24/25/26 octobre 2014 : les forces kurdes en défendant la ville syrienne de Kobané repoussent un nouvel assaut des jihadistes du groupe de l’État islamique dans l’attente des premiers renforts de peshmergas irakiens. Pour la quatrième nuit consécutive, les jihadistes avaient essayé de prendre le quartier du nord de Kobané proche de la frontière avec la Turquie.

Antonio Torrenzano

 

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combats_tripoli_libandunord_imageLes forces kurdes défendant la ville syrienne de Kobané ont repoussé un nouvel assaut des jihadistes du groupe de l’État islamique dans l’attente des premiers renforts de peshmergas irakiens qu’elles espèrent en début de semaine. Pour la quatrième nuit consécutive, les jihadistes ont essayé de prendre le quartier du nord de Kobané proche de la frontière avec la Turquie, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’EI se focalise sur ce lieu «afin d’assiéger les combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans la ville, couper leur route d’approvisionnement et les empêcher d’évacuer leurs blessés vers la Turquie», toujours selon l’ONG. Les combats se sont par ailleurs poursuivis dans la nuit dans deux secteurs du nord-est de la ville, Souk el-Hal et Kani Arabane, ainsi que sur le front sud.

En Irak, la coalition internationale a renforcé la fréquence de ses frappes ces derniers jours en ayant conduit presque 22 frappes entre vendredi et samedi. La moitié d’entre elles ont été dirigées vers des positions de l’EI près du barrage de Mossoul (Irak du Nord), le plus grand du pays. La digue de Mossoul est d’une importance stratégique élevée parce qu’en le détruisant les jihadistes déclencheraient de gigantesques inondations à Mossoul et Bagdad, les deux villes les plus peuplées d’Irak. Aidées par le soutien aérien, les forces kurdes irakiennes ont pu reprendre samedi aux jihadistes la ville de Zoumar (60 km au nord-ouest de Mossoul) après des semaines de combats. Mais les jihadistes réussissent à progresser dans d’autres zones du pays irakien, avant tout dans le nord où ils assiègent de nouveau le mont Sinjar où sont prises au piège des centaines de familles yazidies.

Au Liban, depuis vendredi soir, l’armée libanaise est engagée dans des combats violents à Tripoli (Liban du Nord), contre des groupes islamistes. Samedi soir, l’armée libanaise avait annoncé avoir délogé les hommes armés des anciens souks de la ville, mais les mêmes se sont réfugiés dans un autre quartier de Tripoli : le secteur sunnite de Bab el-Tebbané où de violents combats sont en train de poursuivre dimanche matin. Le conflit en Syrie a renflammé les tensions au Liban où les sunnites soutiennent leurs coreligionnaires en Syrie qui combattent le régime tandis que les chiites, dont le Hezbollah, qui défendent le président Bachar el-Assad. Toujours dimanche matin, le Front al-Nosra, branche syrienne d’el-Qaëda, a menacé d’exécuter les soldats libanais qu’il retient en otage si l’armée libanaise ne cessait pas son offensive à Tripoli. Dans des communiqués repris par l’Agence nationale de l’information (ANI), l’armée libanaise précise qu’elle poursuivra la chasse aux jihadistes au Liban du Nord jusqu’à ce qu’ils soient éliminés.

Antonio Torrenzano

 

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femmes_kurdes_imageDepuis le 16 septembre 2014, la ville de Kobané est assiégée par l’organisation terroriste de l’État islamique. Kobané est la troisième ville kurde de la Syrie à la frontière avec la Turquie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) plus de 300.000 habitants ont fui la ville, dont plus de 200.000 personnes sont parties en Turquie et d’autres milliers en Irak.

Depuis un mois et demi, malgré les bombardements sur les positions-clés de l’État islamique (ex-Daech), celui-ci ne paraît d’aucune façon miné. Au contraire, les multiples pressions n’y font rien et le monde découvre avec inquiétude que ce mouvement reste encore corrosif sur le terrain. La coalition internationale découvre son efficacité réduite par ses frappes aériennes, tandis que la Turquie ne s’engage pas en proclamant sa non-ingérence. À terme, la Jordanie pourrait-elle aussi être menacée, tout comme le Liban l’est déjà. Le Front al-Nosra a cessé depuis septembre toute attaque contre l’EIIL et il faut craindre une réconciliation entre les deux mouvements. Sur le terrain, les populations syriennes sunnites continuent de soutenir al-Nosra contre les bombardements et les tribus de la province irakienne d’al-Anbar ne semblent pas prêtes à se retourner contre le califat. Dans ce panorama, la question syrienne demeure d’une gravité très élevée autant qu’en Irak où de nouvelles tragédies similaires à Kobané peuvent s’annoncer très bientôt.

Entre le 8 août et le 6 octobre, au moins 250 frappes ont eu lieu en Irak et 90 en Syrie. Les frappes en réalité ont brisé du matériel, des bâtiments éloignés des centres urbains et des colonnes de véhicules qui étaient trop visibles. Désormais, les jihadistes se mélangent en permanence à la population. Les frappes ont eu pour cible des centres vitaux de l’EIIL: Raqqa, Deir ez-Zor en Syrie, ou encore Mossoul, Sindjar, Haditha et Falloujah en Irak, autant de sites sous contrôle jihadiste depuis plusieurs mois. Mais, presque le 30% des opérations de l’aviation américaine a concerné des quartiers d’Erbil, de Kirkouk, Amerli et Bagdad, villes encore épargnées par l’EILL. Au contraire, de violents accrochages ont eu lieu au sud de Kirkouk avec les peshmergas kurdes les 2 et 3 octobre. Dans cette ville, des bâtiments de la 12e armée irakienne ont été soufflés par une explosion le 6 octobre. La ville de Hît, au sud de Haditha, est passée sous contrôle de Daech dans le plus grand silence médiatique.

Il faut ajouter en outre que la plupart des cartes géographiques d’implantation de l’État islamique proposées dans les revues de politique internationale sont erronées. Pourquoi sont-elles erronées ? Parce qu’elles présentent souvent les territoires concernés sous trois appellations: «zones sous contrôle de l’EI»; «zones d’attaques récurrentes de l’EI» et «zones de soutien à l’EI». Ce n’est plus vrai. L’EILL contrôle de facto les deux derniers espaces. Les «zones de soutien» sont de facto les territoires de l’EILL. Cette organisation terroriste est totalement décentralisée, chaque bataillon a son autonomie d’action et multiplie les opérations périphériques, sans nécessairement une concertation avec l’unité centrale. À un Occident réduit à des tactiques aériennes uniformisées et prévisibles s’oppose un jihadisme multipolaire, réactif et flexible dans les différentes situations des lieux de guerre.

Antonio Torrenzano

 

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conseil_securite_onu_imageLe Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé lundi 14 juillet une nouvelle action humanitaire destinée à la Syrie. Les convois humanitaires suivront un chemin par les frontières extérieures du pays sans la permission de Damas. Tout ça permettra d’aider un million de civils dans des zones tenues par l’opposition.

La résolution a été adoptée à l’unanimité, y compris par la Russie et la Chine. Les négociations sur le texte ont duré cinq semaines. Moscou proposait un contrôle des camions laissant au gouvernement syrien un droit de regard alors que les Occidentaux refusaient que Damas puisse ralentir l’acheminement de l’aide. Cette résolution est valable pour six mois et devra être renouvelée par le même Conseil de sécurité.

Les passages transfrontaliers se feront par quatre points, dont deux en Turquie (Bab al-Salam et Bab al-Hawa), un en Irak (Al Yarubiyah) et un en Jordanie (Al-Ramtha). Le chargement des camions sera soumis, avant de franchir la frontière, à un «mécanisme de contrôle» établi par l’ONU «afin de confirmer la nature humanitaire » et les autorités syriennes seront simplement informées. Aux termes de la résolution, le Conseil «décide que les agences humanitaires de l’ONU et leurs partenaires sont autorisés à utiliser des itinéraires à travers les lignes de front et les points de passage frontaliers de Bal al-Salam, Bab al-Hawa, Al Yarubiyah et Al-Ramtha, en plus de ceux déjà en usage», dans le but de secourir les civils «par les voies les plus directes».

L’ONU estime que ce système devrait permettre de ravitailler en nourriture et médicaments entre 1,3 et 1,9 million de civils supplémentaires, dans des zones tenues par la rébellion armée. Selon les Nations Unies, 10,8 millions de Syriens ont besoin de secours, trois millions de Syriens se sont aussi réfugiés dans les pays voisins et le conflit a fait plus de 170.000 morts depuis mars 2011.

Antonio Torrenzano

 

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Le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura est le nouveau médiateur de l’ONU pour le conflit syrien. Staffan de Mistura succède à l’Algérien Lakhdar Brahimi en héritant une mission jugée impossible par de nombreux diplomates. Staffan de Mistura, 67 ans, a la double nationalité italienne et suédoise. Il a occupé différents postes à l’ONU, en particulier représentant de l’ONU pour pour le Liban (2001-2004), pour l’Irak (2007-2009), pour l’Afghanistan (2010-2011). Staffan de Mistura a aussi été directeur adjoint du Programme alimentaire mondial.

Le prédécesseur de Staffan de Mistura, Lakhdar Brahimi a démissionné après deux ans d’efforts infructueux pour régler un conflit qui en Syrie a fait plus de 170 000 morts depuis 2011. Avant lui, l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan avait jeté l’éponge après seulement six mois en 2012. La nomination a été confirmée au Conseil de sécurité de l’ONU et annoncée officiellement par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon. Le même, dans une conférence de presse, avait prévenu la communauté internationale en affirmant que le nouveau médiateur «n’aura pas de baguette magique» pour régler le conflit.

Dans une interview au quotidien The Guardian, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a affirmé que Damas tente toujours de trouver une solution politique au conflit malgré l’échec des négociations de Genève. Interrogé sur la nomination de Staffan de Mistura au poste d’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, le vice-ministre a répondu que ce dernier devait rester neutre et reconnaître l’élection de Bachar el-Assad pour un nouveau mandat présidentiel. « Les Britanniques, les Américains, les Français et les Européens dans leur ensemble doivent changer et s’adapter aux nouvelles réalités en Syrie. Ils doivent respecter la volonté du peuple syrien. J’espère qu’il en sera ainsi, même si j’en doute », a conclu le diplomate.

De sa part, l’opposition syrienne au régime de Damas a choisi son nouveau représentant: elle a élu Hadi Al-Bahra comme son nouveau chef. La coalition syrienne est reconnue par plusieurs pays, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, comme la seule représentante légitime de l’opposition syrienne. Hadi Al-Bahra est un ingénieur industriel qui a fait ses études aux États-Unis et qui parle couramment l’anglais. Il a passé la plus grande partie de sa vie en Arabie Saoudite où il a géré plusieurs entreprises. À Genève, il a été à la tête de l’équipe de négociations de l’opposition lors de la réunion de Genève 2, qui a eu lieu au début de l’année 2014 afin de trouver une solution. Négociation diplomatique qui avait terminée sans succès.

Antonio Torrenzano

 

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eiil_image_hic_etnuncDe Damas à Bagdad, le monde musulman est traversé d’un conflit sanglant. L’État irakien est au but de l’implosion, la Syrie est dans le chaos d’une guerre civile qui perdure depuis trois ans, le Liban est de plus en plus instable en ce qui concerne la stabilité politique du pays. Toutes ces convulsions dérivent d’un processus historique commencé depuis longtemps; mais, cette fois au Moyen-Orient pourrait se jouer un nouvel avenir géopolitique et géostratégique.

Pour Lakhdar Brahimi, ancien émissaire de l’ONU pour la Syrie, l’offensive jihadiste en Irak serait le résultat de l’inertie de la communauté internationale face au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. «C’est une règle bien connue, le conflit en Syrie ne pouvait pas rester enfermé dans les frontières d’un seul pays», a déclaré Lakhdar Brahimi, qui a démissionné en mai 2014 après deux ans d’efforts infructueux et l’échec de la Conférence de Genève 2. La communauté internationale a «malheureusement négligé le problème syrien et n’a pas aidé à le résoudre. Voilà le résultat : l’offensive jihadiste menée en Irak par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui est l’une des forces les plus importantes en Syrie».

L’unité de la Nation irakienne est aujourd’hui mise en question. Les divisions confessionnelles sont extrêmement profondes, les mêmes produisent depuis 2003 un très haut niveau d’instabilité. La guerre en 2003 a segmenté pas seulement la société irakienne, mais elle a aussi créé une ligne de faille dans tout le Moyen-Orient. La dynamique de ces divisions confessionnelles est qualifiée par les experts «d’irakisation». Le conflit en Syrie par exemple parmi le régime de Damas et les rebelles a exacerbé ces divisions identitaires en opposant forces armées chiites pro-Assad et rebelles sunnites. La même chose à été faite en Irak par le premier ministre Nouri al-Maliki qui a imposé un pouvoir confessionnel. Aujourd’hui, ces crises politiques confessionnelles et désormais territoriales sont en train de toucher leurs azimuts. Le scénario syrien risque de s’installer définitivement en Irak, et l’Irak de se syrianiser. Cette évolution menace aujourd’hui l’Irak et son unité, mais dans un futur très proche cette évolution pourrait menacer tous les pays de la région.

Antonio Torrenzano

 

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syrie_pays_moyen_orient_imageLe 3 juin 2014, le président syrien Bachar al-Assad a remporté sans surprise l’élection présidentielle avec plus de 88,7% des votes, mais la Syrie reste en proie depuis mars 2011 à des violences qui ont fait plus de 162.000 morts. Le conflit a débuté par une révolte pacifique qui s’est transformée en insurrection armée par rapport à la répression menée par le régime de Bachar al-Assad. Voilà donc une synthétique chronologie des événements jusqu’aujourd’hui.

Année 2011.

Le 15 et le 16 mars 2011, ils ont lieu à Damas des rassemblements pour une Syrie sans tyrannie. Plusieurs manifestations contre le pouvoir sont ensuite réprimées dans la même capitale et Deraa (sud). Le régime dénonce dans cette occasion une rébellion armée de groupes salafistes. Le 23 mars, quelques jours après les rassemblements du 15 mars, la répression de manifestations à Deraa fait au moins 100 morts surtout militants des droits de l’Homme. La répression avait commencé après l’arrestation et la torture d’élèves soupçonnés d’avoir écrit des slogans contre le régime sur les murs.

Le 30 juillet 2011 : Création de l’Armée syrienne libre (ASL), dirigée par un colonel réfugié en Turquie. L’ASL est composée essentiellement de civils ayant rejoint la rébellion, encadrés par des déserteurs. Le 18 août, le président américain Barack Obama et ses alliés occidentaux appellent le président Bachar al-Assad à partir et les mêmes renforcent les sanctions contre le régime de Damas. Quatre octobre 2011 : premier veto russo-chinois à un projet de résolution condamnant Damas pour la répression des manifestations.

Année 2012.

Le premier mars 2012 : l’armée prend l’autorité du quartier de Baba Amr, bastion de la rébellion à Homs (centre), après un mois de bombardements et des centaines de morts. Le 16 juin, des observateurs des Nations Unies chargés de surveiller un cessez-le-feu complètement ignoré suspendent leurs opérations. À la fin du mois de juin 2012 : accord à Genève parmi les grandes puissances sur une transition politique, qui maintient le flou sur la destinée du président Bachar al-Assad. L’Accord diplomatique n’a jamais été appliqué.

Le dix-huit juillet, quatre hauts responsables en première ligne dans la répression de la révolte, dont le beau-frère d’Assad, sont tués à Damas dans un attentat, qui intervient au lendemain du lancement par les rebelles de l’ASL de la bataille de Damas. Le 20 juillet, les rebelles lancent la bataille d’Alep Nord. En août, entrée en action massive des armes lourdes, dont les avions bombardiers. Le onze novembre 2012, les membres de l’opposition signent, après de fortes pressions occidentales et arabes, un accord pour constituer une Coalition nationale de l’opposition.

Année 2013.

Le 14 février 2013 : les Gardiens de la révolution, garde prétorienne du pouvoir iranien, annoncent qu’un de leurs commandants a été tué en Syrie par des rebelles. Leur chef avait admis en septembre l’envoi de conseillers militaires.Le 5 juin 2013, le régime et son allié, le Hezbollah chiite libanais, prennent aux rebelles la ville clé de Qousseir, près de la frontière libanaise. Le 21 août : offensive dans deux zones contrôlées par les rebelles près de Damas. L’opposition et les pays occidentaux accusent Damas d’avoir tué des centaines de personnes avec des gaz toxiques. En septembre, un accord diplomatique russo-américain sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien d’ici mi-2014 écarte in extremis la menace d’une frappe américaine, brandie après l’attaque chimique.

Année 2014.

Le 22 janvier 2014, une conférence pour la paix en Syrie s’ouvre à Genève entre le régime de Damas et l’opposition en exil. Le sommet s’ouvre à Montreux sous l’égide de l’ONU, puis les négociations se poursuivent dans la ville genevoise. La conférence diplomatique, nommée Genève II, aura deux séances, mais cette se terminera le 15 février 2014 sur un constat total d’échec. Le 9 mai, l’armée syrienne entre dans la vieille ville de Homs assiégée et bombardée pendant plus de deux ans après le retrait des 2.000 derniers rebelles en vertu d’un accord sans précédent entre belligérants. Les civils syriens commencent à retourner dans la ville dévastée de Homs en tentant de soustraire à la ruine définitive le peu qui reste. Dans le même mois,mais le quatorze mai, le diplomate algérien et émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi jette l’éponge comme avait déjà fait son prédécesseur Kofi Annan.

Le trois juin 2014 : élection présidentielle dans les zones tenues par le régime. Bachar al-Assad remporte le scrutin présidentiel sans surprise. L’opposition syrienne dénonce comme une farce cette élection. L’Arabie Saoudite, le Qatar, la France, le Royaume-Uni et la Turquie avaient interdit le vote sur leur territoire. Mais, sur le terrain, ne change rien. Le conflit devient malheureusement encore plus complexe avec des combats entre groupes jihadistes rivaux venus de l’étranger et le régime de Damas. Le conflit entre rebelles et régime a fait plus de 150 000 morts, 6.5 millions de déplacés et presque 2,6 millions de réfugiés depuis mars 2011.

Antonio Torrenzano

 

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crise_syrie_2011-2014_imageLe scrutin pour l’élection présidentielle syrienne a pris fin mardi à minuit et le dépouillement des voix a commencé. Les bureaux de vote ont ouvert mardi à 07h00 heure locale de Damas et ils ont fermé à minuit. Plus de 15 millions d’électeurs inscrits devaient donner leurs voix à l’un des trois candidats à la présidence, parmi lesquels le président sortant, Bachar el-Assad. En théorie, il s’agirait de la première élection dans le pays depuis un demi-siècle puisque Bachar al-Assad et, avant lui, son père Hafez avaient été désignés par référendum. Des observateurs iraniens et russes ont supervisé le scrutin. Pour Noah Bonsey, de l’International Crisis Group, l’élection présidentielle ne changera pas la situation sur le terrain, au contraire le conflit perdurera. Pour Waddah Abed Rabbo en revanche, directeur du quotidien d’Al-Watan, «l’élection facilitera la reprise des pourparlers de paix».

 

Mais, si le résultat est connu d’avance, la question du futur de la nation syrienne demeure de manière brûlante encore sans aucune solution. Il y a deux voies pour une fin de la crise. La première est la négociation diplomatique entre les parties en conflit, l’autre est la poursuite de la guerre civile jusqu’à la victoire de l’un sur l’autre sur le terrain. Quels sont-ils alors les points qu’il faut rétenir ? Partons du concret, des données immédiates : le président Al-Assad n’a jamais eu l’intention de partir et son objectif reste à gagner la bataille. La même chose pour l’opposition politique au régime de Damas. Pour Damas et pour l’opposition, c’est tout ou rien. Nous ne devrions attendre aucune pitié de la part du régime envers ses adversaires politiques et viceversa. Il n’y aura pas de pardon pour les groupes armés de l’opposition, il n’y aura pas de pitié pour le clan Assad après une chute possible du régime baasiste. La famille Assad dirige la Syrie d’une main de fer depuis plus de 40 ans pendant lesquels il a muselé toute dissidence. À la tête d’une armée restée autour du régime, malgré de nombreuses défections, Assad a toujours les soutiens russe et iranien et de l’aide précieuse des combattants du Hezbollah libanais.

 

En deuxième lieu, l’approche occidentale de la révolte syrienne a été dominée dès le début par des idéaux démocratiques et non par une vraie realpolitik. Beaucoup de responsables occidentaux n’ont pas eu une vision à long terme. Ils n’ont pas eu le pragmatisme nécessaire à la résolution du conflit. En qualifiant d’illégitime le régime de Damas, les Occidentaux ont été moralement justes, mais ils ont affacé toute possibilité de jouer un rôle constructif pour une solution diplomatique à la crise. La plupart des pays occidentaux ont fermé leurs ambassades à Damas pour protester contre la violence, mais ils ont coupé toute opportunité de parler au régime sans comprendre de manière plus concrète les évolutions internes en Syrie. En outre, la non participation de l’Iran à la conference de Genève II au mois de janvier 2014 a été une autre grave erreur. L’Iran aurait pu jouer un rôle important pour tenter de convaincre le régime syrien de changer sa position. Cette exclusion n’a servi à rien. Au contraire, cette absence a contribué à prolonger la guerre et retarder une solution diplomatique possible du conflit. L’Occident cessera-t-il de nourrir de faux espoirs et d’adopter une attitude pragmatique axée sur l’obtention de résultats ? Aucune solution n’est aujourd’hui en vue.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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syrie_election_03juin2014Les Syriens ont commencé à voter aujourd’hui pour une élection présidentielle qui devrait se traduire par une victoire de Bachar Al-Assad dans un pays déchiré par une guerre civile qui a fait plus de 160.000 morts. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h, heure locale de Damas, dans les zones du pays contrôlées par le régime du président sortant.

 

Bachar Al-Assad affronte deux concurrents peu connus dont la candidature a été approuvée par le Parlement. Il s’agit d’Hassan al Nouri, ancien membre du gouvernement, et du parlementaire Maher Hajjar. Depuis un demi-siècle, un seul candidat était autorisé à se présenter et les sept derniers scrutins présidentiels se sont résumés à des plébiscites de Bachar Al-Assad ou de son père Hafez, qui n’a jamais obtenu moins de 99 % des voix. Son fils a quant à lui recueilli 97,6% il y a sept ans. En Syrie comme à l’étranger, les opposants du chef de l’État parlent d’une mascarade et jugent qu’aucun scrutin digne de ce nom ne peut avoir lieu dans un pays dont des régions entières échappent aux autorités et qui compte des millions de déplacés.

 

La campagne électorale pour la présidentielle du 3 juin s’est achevée hier, dimanche 2 juin. Le parti Baas, qui domine la Syrie depuis un demi-siècle, a appelé à réélire M. Assad, au pouvoir depuis la mort de son père en 2000. Le parti a souligné la nécessité de voter « non seulement pour un président de la République, mais pour un dirigeant […] qui fait face à la guerre […], soit le dirigeant symbole Bachar al-Assad qui demeure aux côtés de son peuple aux coins de la patrie ». À Damas, les rues sont couvertes d’affiches de M. Assad, qui apparaît en tenue décontractée, en costume. Face à lui, ses deux adversaires et leurs rares affiches qui sont noyées sous celles de M. Assad. Plusieurs dizaines de milliers d’expatriés ont déjà voté la semaine dernière, mais il ne s’agit que d’une petite proportion des trois millions de réfugiés et de Syriens de l’étranger. Des réfugiés opposés au régime ont manifesté au Liban et en Turquie pour dénoncer le vote, évoquant des tentatives d’intimidation pour obliger certains à voter ou encore de bus remplis de Syriens venus de Damas juste pour voter dans les ambassades. La France, l’Allemagne et la Belgique avaient pour leur part interdit le vote sur leur sol, de même, selon Damas, que les Emirats arabes unis.

 

Le pays est dévasté par trois ans d’un conflit qui fait encore des dizaines de morts chaque jour dans les bombardements et les combats. La révolte pacifique commencé au mois mars 2011 pour des réformes politiques s’est en effet transformée, face à une répression brutale, dans une insurrection armée avant de devenir une guerre complexe et généralisée. Le régime n’a jamais reconnu la contestation pacifique et a toujours parlé de « terroristes armés » agissant au service d’un «complot étranger».

 

Antonio Torrenzano